Les documents du mois


Les Archives enchantées

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Ce mois-ci, nous vous faisons découvrir quatre planches de dessins des costumes, appelées aussi des fiches caractéristiques des costumes. Ces fiches sont accompagnées d’échantillons de tissus, de fiches des mesures, de l’inventaire des costumes et des chaussures etc.

Ces fiches sont issues du fonds sur l’Opéra du Rhin et de la section costumes (1289 W). Ils vous présentent spécifiquement les costumes imaginés pour l’opéra La Flûte enchantée (« Die Zauberflöte »). Ce spectacle a été mis en scène par Achim Freyer (né en 1934), metteur en scène allemand, protégé de Bertold Brecht. Il fait partie des metteurs en scène les plus connus en Europe et aux États-Unis, où depuis 2002 il dirige l’Opéra de Los Angeles.

La flûte enchantée, un opéra féerique du XVIIIe siècle à nos jours

Composé quelques semaines avant sa mort, La Flûte enchantée se veut le testament lyrique de Mozart. Au printemps 1791, le compositeur, qui n’a plus que quelques mois à vivre, connaît des difficultés financières. Son dernier opéra Cosi fan tutte (1790) n’a pas rencontré le succès escompté. La mort de l’empereur « éclairé » Joseph II a privé Mozart d’un précieux protecteur. Son successeur, Léopold II, n’apprécie ni la musique ni les sympathies maçonniques du compositeur dont les œuvres ne sont pratiquement plus jouées à Vienne. Cette morosité qui envahit progressivement la vie de Mozart est dissipée par la perspective de pouvoir à nouveau se livrer au travail qu’il préfère, composer un opéra.

A la tête du « Theater auf der Wieden » depuis deux ans, Emanuel Schikaneder (1751-1812) soumet à Mozart le livret qu’il a rédigé lui-même et dans lequel il se réserve déjà le rôle de Papageno, l’homme-oiseau. Il existait à Vienne plusieurs théâtres de faubourg comme celui que dirigeait Schikaneder. On donnait dans ces établissements des spectacles en allemand qui attiraient un large public. L’élite intellectuelle, l’aristocratie et l’empereur lui-même n’hésitaient guère à se mêler aux spectateurs plus simples et peu cultivés. Ces théâtres proposaient des « Singspiel » (œuvres en allemand qui comportaient des dialogues parlés et des parties mises en musique) et des ouvrages féeriques rehaussés de mises en scène spectaculaires utilisant des machineries complexes. 

 

La flûte enchantée est un opéra universel, jouant sur les registres de la joie, de l’émerveillement, de la découverte et convient à tous les publics. Ce récit initiatique raconte l’histoire du Prince Tamino, chargé par la Reine de la Nuit d’aller délivrer sa fille Pamina des prisons du mage Sarastro, présenté comme un tyran. Guidé par les trois Dames de la Reine, Tamino est surtout accompagné de Papageno, un oiseleur truculent, dont la couardise contraste avec la noblesse et le courage de Tamino : à Papageno revient un carillon et à Tamino une flûte magique – deux instruments qui les aideront dans leur périple. Mais Tamino découvre au cours de son voyage que les forces du mal ne sont pas du côté de Sarastro, mais de celles de la Reine de la Nuit : cette dernière l’a trompé et elle est prête à tout pour se venger de Sarastro qu’elle déteste. Truffé de mises à l’épreuve, le parcours de Tamino pour délivrer et conquérir Pamina se charge de symboles qui, de scène en scène, les mènent vers l’amour et la lumière, sous la sagesse bienveillante de Sarastro. La Reine de la Nuit et sa suite finissent anéanties.

Des costumes fantastiques, modernes et colorés

Le costume d’opéra doit permettre aux spectateurs de reconnaître les personnages, y compris depuis les places les plus éloignées de la scène. Les costumes sont donc largement exagérés : perruques, maquillage, couleurs des tissus… Aujourd’hui, les mises en scène ont recours à des costumes modernes et épurés tout autant qu’historique, en fonction du parti pris. A l’Opéra de Strasbourg, les costumes sont conçus et fabriqués sur place, dans les ateliers. Les planches que nous vous présentons ce mois-ci servent justement aux ateliers de couture.

Les ateliers sont divisés en départements comme : le « flou » pour les costumes féminins, le « tailleur » pour les costumes masculins, la « maille » pour les vêtements moulants comme les collants ou les justaucorps, la « modiste » pour les chapeaux et éléments de coiffure et la « décoration » pour les bijoux et accessoires.

La mise en scène est également le reflet de la vision du metteur en scène et à l’image des costumes, elle sert à créer une atmosphère propice au récit narratif. Vous pouvez assister à plusieurs reprises au même opéra, mais selon la mise en scène et les choix esthétiques faits, vous n’assisterez pas au même spectacle.

C’est ce que nous souhaitons vous montrer à travers les cinq planches inédites de ce document du mois issu du fonds 1239 W sur les costumes de l'Opéra du Rhin. 

 

Fonds similaires : 183 Z, fonds Jacques Peirotes.

 

Sources bibliographiques :

DUAULT Catherine, « La flûte enchantée, féérie et richesse d’un conte initiatique », in Opera Online, 2014.

REXER Jacques, Un opéra à Strasbourg, Unité pédagogique d’architecture, Strasbourg, 1983.

UMBRECHT Véronique, L’opéra de Strasbourg : aspects architectural et sociologique, Université Strasbourg 2, 1992.