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Procès en sorcellerie au ban de la Roche

Extrait des confessions de Catherine, femme de Philippe Maréchal de Rothau, page 1 (1 AST 98).

Extrait des confessions de Catherine, femme de Philippe Maréchal de Rothau, page 2 (1 AST 98)

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Transcription

Elle a confessé que passé trois ans, devant qu’elle fut
mariée, sa mère lui don[n]a quelque chose en son potage
dont elle perdit toute affection envers Dieu
Elle a confessé, que bientot après le diable la vint trou-
ver sur le chemin de la Neufville ; qu’il s’appelloit
Percin, et avoir les pieds fendus.

Elle a confessé qu’il lui com[m]anda de renier
Dieu, et de le haïr de toutes ses forces, ce qu’elle
fit. Elle renia aussi le S[ain]t Baptême ; percin la bapti-
sa autrement et l’appella noir diable
Il lui bailla aussi un autre diable, jeune, nommé Ger-
ardin.

Elle alloit au Sabbat sur un chien noir, que le diable lui
Amena.
Elle y a vu tous ceux et toutes celles qui ont été justi-
fiés.

Elle a confessé que passé 5 ou 6 ans, sa mère, son frère
et elle firent mourir leur père, en lui donnant
de la poison dans du miel sur du pain. Elle aida
aussi à faire mourir sa mère en la prison avec de la
graisse ; elle, la mère le sachant bien il y avoit aussi
un diable percin. Elle fit aussi mourir deux autres fem[m]es et
une fille.

A la S[ain]t George passé, elle son frère, et autres furent au
Chesnoy et là, firent de la graisse dans une fontaine,
pour gater les fruits de la terre.

Elle a confessé aussi, que la Pâques passée, elle fut à la
S[ain]te Cène, et bailla l’ostie au diable, le quel la
print, et la jetta au feu, ce qu’elle fit 5 fois.

Commentaire

De la fin du XVe siècle jusqu’au XVIIIe siècle, partout en Europe ont lieu des procès en sorcellerie. Ces procès touchent autant les catholiques que les protestants, les riches ou les pauvres, les jeunes ou les vieux, les hommes autant que les femmes bien que celles-ci soient plus nombreuses.
Ce mouvement est l’expression d’une croyance très forte en la puissance du démon à intervenir dans la vie quotidienne de tout un chacun.
Autant Dieu et ses saints sont susceptibles de provoquer le bien, autant le diable et ses suppôts peuvent provoquer des malheurs.
Les sorciers et les sorcières se retrouvent lors de fêtes appelées Sabbat et font montre de déviances et de rites d’inversion notamment en matière sexuelle et de profanations de l’eucharistie.
Les témoignages recueillis par les enquêteurs permettent de reconstituer l’environnement psychologique et religieux autant que l’image que la société se donne d’elle-même dans tous les aspects bons ou mauvais, visibles ou invisibles. Ce document est en français car le procès a lieu sur le Ban de la Roche.