Des projets pour Strasbourg

Les projets dont les plans et élévations sont présents dans l’exposition n’ont pas toujours été dessinés pour répondre à une commande précise du gouvernement de la ville, mais ont été dessinés sur l’initiative personnelle d’un architecte.

Certains projets, qui correspondaient à une commande, n’ont pas été réalisés car la ville de Strasbourg a manqué de moyens financiers au XVIIIe siècle pour assurer la mise en œuvre de grands travaux, sans compter les difficultés liées aux opérations d’expropriation et de démolition dans une ville engoncée dans les fortifications de Vauban.

Tous les projets ne sont pas signés ni datés. Seul Pierre-Michel d’Ixnard signait presque systématiquement ses plans.

Des bâtiments civils

Les instances du gouvernement municipal se réunissent à la Pfalz et au Neu Bau (actuelle chambre de commerce). Après la démolition de la Pfalz en 1780 et l’incendie de la chancellerie, on projette, à la suite du plan Blondel, de créer une place et d’y édifier un hôtel de ville moderne. Un architecte (peut-être Blondel) propose un édifice sur plan carré, entourant une cour. Les élévations sont simples. Il renvoie aux édifices des grandes villes royales : deux étages sur rez-de-chaussée, avant-corps central à colonnes et fronton triangulaire, coiffé d’une toiture en dôme et d’un clocheton.

Un autre projet, signé par Boudhors en 1784, est plus original : l’édifice carré est doté de tours aux angles, ce qui lui donne une allure de château fort. L’espace central est fermé par une haute toiture formant coupole, dotée d’un campanile. Les conseils de la ville occupent le premier étage. On remarque qu’il n’y a pas d’escalier d’honneur. On imagine assez mal une telle masse architecturale sur la place du Marché-aux-Herbes (actuelle place Gutenberg).

Une coupe en élévation, non datée et non signée, se rapporte également à ce bâtiment. Elle montre la cour centrale fermée en partie supérieure par une voûte circulaire ouverte sur un dôme. Les étages sont organisés en salles dont certaines sont munies de casiers à tiroirs, destinés à recevoir les liasses de documents.

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Plan de situation

Des lieux de culture et de plaisir

Le premier théâtre était aménagé dans un ancien grenier à avoine, sur la Promenade du Broglie, en avant du théâtre actuel. Mais ce bâtiment se révèle insuffisant dès les années 1757-1760. On recherche différents emplacements : sur le côté ouest de la place d’Armes (à l’emplacement de la Maison Rouge), sur la Promenade du Broglie, soit à l’emplacement primitif du théâtre, soit, pour d’Ixnard, à l’extrémité de la place, au débouché de la rue du Dôme. Le plan dressé par d’Ixnard présente comme intérêt de prendre en compte l’environnement immédiat de la salle de spectacles. Les projets de Boudhors et d’Ixnard se rejoignent sur un point : l’édifice est précédé d’un péristyle soit rectiligne soit semi-circulaire. Mais, incontestablement, l’élévation de Boudhors se révèle plus lourde et mal proportionnée. Pour autant, le projet de d’Ixnard n’est guère plus convaincant : la colonnade est surmontée d’un fronton allongé et l’édifice coiffé d’une couverture improbable.

Le théâtre brûle en 1800. Un nouveau projet est élaboré par Boudhors en l’an IX (1801-1802) qui le place dans l’Aubette reconstruite en 1767 par Blondel. Ce parti eût donné une curieuse cohabitation avec l’état-major de la place, également logé dans l’immeuble. La commission municipale adéquate écarte ces plans qui avaient pour intérêt d’intégrer les façades de la nouvelle salle dans l’uranisme général de la place en redessinant les façades. Finalement, la municipalité se décide pour la reconstruction au bout de la Promenade du Broglie, mais bien tardivement et par les soins de l’architecte de la Ville Jean Villot.

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Des églises

Presque à titre anecdotique, voici des projets d’églises à plan centré, conçu « selon les principes de la constitution française ». L’autel est placé au centre des édifices, les assistants prenant place sur des gradins à la manière d’une assemblée délibérante. La disposition est plus proche d’une salle de délibération ou d’assemblée que d’un lieu de prières catholique. Cela explique que l’inventaire dressé à la fin du XIXe siècle suppose qu’il s’agissait d’un « Temple de la Liberté ». La qualité des plans fait regretter que les auteurs ne les aient pas signés. Le plan centré évoque la forme des églises protestantes édifiées dans l’Empire : la Frauenkirche de Dresden, mais aussi la Pauluskirche de Francfort sur le Main.

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Les arts décoratifs

Tout comme les styles précédents, le style néo-classique, trouve aussi son application dans les arts décoratifs.

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