La cathédrale comme monument historique

Ouvrier achevant le talochage du crépi de la coupole, 1947. AVES, 112 Z 25/53.

À partir du XIXe siècle, la cathédrale fait l’objet de multiples campagnes de restauration. Il s’agit d’abord de restituer au monument sa statuaire détruite pendant la Révolution et d’effacer les décors de l’époque rocaille et de l’époque classique. Classée monument historique en 1862, la cathédrale est désormais considérée, à l’instar d’autres monuments de même nature, comme un édifice témoin d’une époque et d’une société, ainsi que Goethe et les premiers historiens de l’art ont pu le percevoir. Les architectes de l’œuvre Notre-Dame, puis les architectes en chef des monuments historiques s’attachent, avec l’atelier et les ouvriers de la Fondation, à restituer ou conserver (pendant longtemps, les architectes de l’OND et ceux des MH n’avaient pas la même « doctrine »…) un aspect authentique à la cathédrale : Gustave Klotz (de 1837 jusqu’à sa mort en 1880), Johann Knauth (de 1902 à 1920), Clément Dauchy (qui termine la restauration du pilier, de 1922 à 1927), Charles Pierre (de 1927 à 1941)…

Le monument est éprouvé par les guerres : la toiture brûle en 1870 et plusieurs parties endommagées par des obus. En 1939, les portails sculptés et le pilier des Anges sont protégés par des sacs de sable tandis que les vitraux sont démontés et évacués ; ils ne sont remis en place qu’à la paix. En 1944, la tour de croisée, restituée par Gustave Klotz, est percée par un obus qui endommage le chœur et le bas-côté nord. Ces dégâts ne sont réparés qu’en 1947. En 1968, l’architecte en chef des monuments historiques Bertrand Monnet propose de restituer le Bischoffmütze du XIVe siècle. Le projet n’est pas réalisé car les moyens sont concentrés sur la restauration de l’étage octogonal de la tour et du massif occidental, dont la dégradation s’est accélérée sous l’effet de la pollution atmosphérique. Le regard porté sur l’architecture du XIXe siècle change au cours des années 1970 et la tour de Klotz est finalement reconstruite entre 1988 et 1992. Les vitraux sont restaurés progressivement. Perpétuel recommencement, le chantier semble sans fin.