Le Rhin, coupure ou couture?
Le Rhin, comme le constate avec étonnement le poète et romancier Gérard de Nerval en 1832, se trouve à plus de 5 km du centre de la ville. Strasbourg, la ville des routes, est-elle aussi la ville du fleuve ? Les relations entre la ville et son port ont été marquées par les trois temps identifiés par les géographes (Hall, 2005):
- la connexion du Moyen-âge jusqu’à la fin du XIXe siècle avec le développement du port dans la ville et des canaux,
- la déconnexion entre 1871 et la fin du XXe siècle avec le développement portuaire le long du Rhin hors de la ville et selon une logique de zonage,
- la reconnexion actuelle avec le projet Deux-Rives qui vise à faire de Strasbourg une métropole transfrontalière et rhénane.
La relation de Strasbourg au Rhin a de plus toujours été dépendante de sa situation frontalière et des conditions géostratégiques. Le Rhin a été tantôt français, tantôt allemand au cours des siècles. Fleuve intérieur ou frontière entre deux Etats longtemps ennemis, coupure ou couture ?
Apprivoiser le fleuve
Le Rhin a longtemps été un fleuve sauvage aux multiples méandres et aux crues dévastatrices.
L’ouverture à la navigation des canaux du Rhône au Rhin (1832) et de la Marne au Rhin (1853), bientôt doublés par les voies ferrées, permet de relier Strasbourg à d’autres régions françaises.
En 1906 sont décidés des travaux de régularisation du Rhin. Il s’agit de créer un chenal de 90 mètres de largeur à l’aide d’épis noyés transversaux et de seuils de fonds. Les dépenses sont réparties entre l’Alsace-Lorraine, le Grand Duché de Bade, la Bavière, le Kohlen-Syndicat, la ville de Strasbourg. les travaux durèrent dix-huit ans, de 1906 à 1924. Grâce à ces travaux, Strasbourg redevient après plusieurs décennies un grand port rhénan et le terminus de la navigation rhénane. A la veille de la Première Guerre mondiale, le fleuve est à nouveau navigable toute l’année à l’aval de Strasbourg.
La canalisation du Rhin menée entre 1928 et 1977 fait de Bâle le terminus de la navigation rhénane en amont.
Outre les travaux d’aménagement du fleuve, la législation évolue : en 1868, l’Acte de Mannheim abolit les droits de douane et les taxes. Cette convention de Mannheim instaure le véritable statut international de la navigation du fleuve dans un cadre libéral. L’arrivée de la vapeur et du halage électrique facilitent également les conditions de navigation sur le fleuve.
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Traverser le fleuve: les ponts sur le Rhin
Jusqu’en 1388, il n’y a pas de pont fixe sur le Rhin. Un véritable ouvrage d’art est alors construit, prenant appui sur plusieurs îles, avec une redoute au centre du parcours. Ce pont, continuellement malmené par les crues du Rhin et les guerres, est un enjeu stratégique qui renforce l’importance de la ville de Strasbourg. Il reste en service jusqu’en 1797.
Le « pont impérial », nouveau pont fixe de bateaux entre Strasbourg et Kehl, est construit entre 1803 et 1808.
La liaison de chemin de fer entre Strasbourg et Kehl entraîne la construction en 1861 d’un pont à structure métallique, doté de deux belles portes et de tabliers pivotants à ses extrémités. Ce pont est doublé d’un pont pour le trafic routier et le tramway en 1897, remplaçant le pont de bateaux construit en 1816.
Détruits en 1939-1940, réparés, puis à nouveau détruits en 1944, ces deux ponts sont d’abord remplacés par des ponts provisoires en 1945 et en 1953. Le pont de l’Europe qui remplace le routier provisoire est inauguré en 1960 par le maire Pierre Pflimlin. Un second pont routier, situé en amont de Strasbourg et inauguré en 2002, reçoit le nom de ce magistrat et grand européen. Ces trois ponts sont essentiels pour les flux d’hommes et de marchandises par-dessus le Rhin.
Conçue par l’architecte Marc Mimram, la passerelle des Deux-Rives permet aux piétons et aux cyclistes de franchir le Rhin et de relier les deux parties du jardin des Deux-Rives depuis 2004. Quant au tram, il franchira le fleuve sur un nouveau pont dédié à l'horizon 2017.
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