1960-1994, le temps des bus

Testé dès 1929 comme complément au tramway, le bus devient le moyen de transport public unique à partir de 1960. Mais dès la fin de la décennie, il montre à son tour ses limites à cause de l'engorgement des rues du centre-ville. La CTS perd 20 % de sa clientèle en 10 ans.

Inauguration de la première ligne de bus en mars 1929

Des premiers essais...

Face aux coûts importants de modernisation et d’entretien d’un réseau de tramways comme celui de la CTS, l’industrie automobile offre, au lendemain de la Grande Guerre, une nouvelle solution plus économique et plus souple, l’autobus.

Une première ligne de bus suburbaine de Strasbourg à Wingersheim est mise en place dès 1928. De 1929 à 1931, les premières lignes de bus urbaines  sont ouvertes :

  • la ligne A de la gare au boulevard Leblois par la place Gutenberg (supprimée dès 1931),
  • la ligne B de la rue du Vieux-Marché-aux-Vins à Cronenbourg,
  • la ligne C du Broglie à Schiltigheim par le Wacken et la ligne D du Roethig à Ostwald.

En 1932, profitant de l’essor du tourisme, la CTS créé une société d’autocars « Astra Voyages ». Ses bus touristiques emmènent les Strasbourgeois dans les Vosges, du Donon au Markstein, et bien au de-là. Souhaitant se recentrer sur son cœur de métier, la compagnie supprime sa filiale touristique au milieu des années 1970.

A la veille de la guerre, en mai 1939, la CTS met en place une première ligne de trolleybus (Roethig-Ostwald). Les trolleybus sont également à traction électrique mais ont l’avantage d’être plus maniables dans les rues sinueuses du vieux Strasbourg là où les tramways doivent ralentir au risque de dérailler. Les pénuries de carburant durant et après la Seconde Guerre mondiale contribuent à leur succès.

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Bus de la ligne 32 à l’arrêt place Kléber, années 1960

... au mode de transport public unique

En 1947, faute de devises pour acheter de nouveaux tramways en Suisse ou en Belgique, alors seuls pays fabricants, la  CTS opte pour une solution de compromis. Elle renforce son parc de trolleybus qui ont l’avantage d’être produits en France. La ligne de tramway n°15 est ainsi remplacée par des trolleybus, puis, de 1948 à 1950, la ligne 10 de ceinture. Ces trolleybus sont à leur tour supprimés au profit d’autobus, respectivement en 1955 pour la ligne d’Ostwald, 1961 pour la ligne 15 et 1962 pour la ligne 10, marquant ainsi la fin de la traction électrique à Strasbourg.

Dans les années d’après-guerre, la CTS achète essentiellement des autobus de marques françaises : Somua, Chausson, Saviem ou Renault.

En 1962, la CTS construit un second dépôt de bus au Neudorf à l’angle de l’avenue Aristide-Briand et de la route du Rhin. En 1965, la compagnie abandonne le bleu-vert qui caractérisait jusque-là ses bus mais qui nuisait à leur visibilité la nuit, au profit du rouge et du blanc, les couleurs de Strasbourg. Les bus interurbains sont repeints quant à eux en bleu et blanc.

Entre 1967 et 1972, le libre-service est introduit sur le réseau urbain ce qui entraine la disparition des receveurs, la vente de tickets étant à présent dévolue au conducteur.

Malgré sa modernisation, la CTS perd 20 % de sa clientèle en 10 ans principalement au profit de la voiture qui s’est démocratisée durant les Trente Glorieuses. En 1972, la compagnie ne compte plus que 29 millions de voyageurs. Pour reconquérir les usagers, les pouvoirs publics mettent en place des couloirs réservés et la CTS achète, au début des années 1980, des bus articulés de grande capacité. Certaines lignes sont prolongées pour prendre en compte les nouvelles dimensions de l’agglomération. Mais l’autobus montre ses limites et les chocs pétroliers de 1973 et 1979 remettent en cause le « tout voiture ». Le transport en commun par traction électrique, donc le tramway, revient lentement en grâce.

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