Mille et une façons de s’amuser en société

L’amusement est un besoin pour toute société, facteur de cohésion mais aussi « soupape de sécurité » déjà connue des empereurs romains qui achetaient la paix sociale avec « du pain et des jeux ». Avant la construction de lieux dédiés à l’amusement, la rue est le premier espace des divertissements des citadins.

Les amusements à l’extérieur sont, en partie, conditionnés par la saison, comme patiner en hiver ou se baigner en été. Le sport constitue un secteur qui associe plusieurs qualités à la distraction : se mesurer entre compétiteurs, montrer son adresse ou encore se retrouver dans un groupe partageant des valeurs et une identité communes. Les casinos et sociétés privées offrent des espaces de convivialité aux Strasbourgeois du XIXe siècle.

Les spectacles donnent l’occasion d’admirer des acrobates, des animaux sauvages et aussi de rire au théâtre des travers de personnages pittoresques. Les cabarets, les fêtes musicales fleurissent au XIXe et au XXe siècle. L’arrivée du cinéma, au début du XXe siècle, offre un nouveau champ de distraction aux Strasbourgeois.

Dans cette longue liste, la musique et la danse occupent une place de choix avec de véritables institutions : le Bal des pauvres qui permet d’allier la distraction à une œuvre charitable. Plus déluré, le Bal des artistes aurait eu une réputation quelque peu sulfureuse.

S'amuser par l'exercice

Toute compétition sportive constitue un spectacle animé ainsi qu’un défouloir, tant pour le public que pour les compétiteurs. Courses de chevaux, tournois, joutes nautiques et concours de tirs à l’arbalète, organisés au Moyen âge et à l’époque moderne entre les villes du Rhin supérieur et de Suisse, sont autant de grandes fêtes populaires où les bourgeois viennent supporter leurs champions.

Le sport en clubs, avec des règles et des animateurs qualifiés, constitue une nouveauté du XIXe siècle. La période du Reichsland voit l’essor de nombreuses sociétés qui proposent aux amateurs, sur leur temps libre, une pratique sportive de détente : vélo, quilles, natation, randonnée.

La convivialité fait partie intégrante de la pratique sportive. Un signe : chaque club ou société organise volontiers, au moins une fois par an, une fête, un repas, un évènement qui rassemble les adhérents et leurs proches.

Les sociétés proposent une détente ou un dérivatif aux activités quotidiennes, mais sont également une forme d’identité : elles ont un insigne, un drapeau, voire un hymne. Un bureau élu assure la coordination de la société. Si les moyens le permettent, la société dispose d’un local particulier avec des équipements.

7 documents

S'amuser au spectacle

Depuis fort longtemps, les spectacles de rue distraient les passants : montreurs d’ours ou saltimbanques, bonimenteurs ou chanteurs des rues, ils apparaissent de ci de là dans les documents d’archives. A côté de ces spectacles occasionnels, se développent des sociétés et des entreprises de spectacle qui fonctionnent à l’année et proposent des abonnements. Le théâtre est au XVIIIe siècle un lieu où la bonne société vient autant pour se montrer que pour assister aux représentations.

Le théâtre alsacien, fondé en 1898, se développe autour de personnages truculents mis en scène dans les pièces écrites par Gustave Stoskopf, Julius Greber ou encore Ferdinand Bastian : on s’amuse des travers des contemporains placés dans des situations souvent comiques.

Le cabaret n’est pas en reste avec une longue tradition à Strasbourg de spectacles satiriques dont, à partir de 1945, le célèbre Barabli de Germain Muller et de sa troupe.

Ces spectacles sont montés dans les différentes salles de la ville : théâtre municipal, théâtre de l’Union (quai Kellermann), Palais des Fêtes, salles paroissiales ou cinémas qui proposent, au début de leur existence, boissons ou repas, tours de chant, actualités et spectacle cinématographique.

24 documents

Jouer, danser, se défouler

Les Strasbourgeois ne se contentent pas d’être des spectateurs passifs des nombreuses distractions que leur ville peut offrir. Ils sont acteurs de leur amusement en adhérant à des groupes de nature diverses.

Les associations sont un lieu extraordinaire de convivialité. Elles organisent souvent des bals, des soirées, des spectacles : les chorales Sainte-Cécile, les sociétés de sport, les sociétés de musique réunissent ainsi leurs adhérents.

Deux évènements annuels ont marqué l’histoire de Strasbourg : le Bal des pauvres, organisé pour récolter des fonds destinés aux actions sociales de la Ville, et le Bal des artistes, organisé par la Société des Artistes Indépendants d’Alsace (l’AÏDA), plus déluré, avec des soirées à thèmes, des costumes, des revues et un défilé de mannequins. Ces soirées avaient lieu au Palais des Fêtes des années 1920 aux années 1950.

Nombre de ces évènements et de ces lieux de convivialité, seront mis à mal, à partir des années 1960, par l’essor d’une nouvelle forme de divertissement : la télévision.

27 documents