Une institution unique en France : la fondation de l'Oeuvre Notre-Dame

L’évêque et le chapitre ont vraisemblablement été les initiateurs de la reconstruction de la cathédrale en 1015 comme au XIIe siècle. Le chantier ne pouvait être financé que par des dons gérés par une fabrique, appelée Œuvre Notre-Dame – fabrica ou Unser-Frauen-Werk. Celle-ci est citée pour la première fois en 1205.

L’Œuvre Notre-Dame assure la construction puis l’entretien de la cathédrale, seule jusqu’à la Révolution, puis avec les services de l’Etat au XXe siècle. Le terme couvre deux réalités : la fondation, dotée de la personnalité juridique, propriétaire de biens fonciers dont les revenus sont affectés au chantier, et l’atelier qui regroupe les artisans au service de l’édifice.

Depuis le XIIIe siècle, le conseil des bourgeois exerce sa tutelle sur cette institution, assurant le contrôle des comptes et la nomination aux différentes fonctions, non sans contestation de la part du chapitre de la cathédrale avant 1529 (date du passage de la ville à la Réforme protestante) et après 1681 (restitution de la cathédrale au culte catholique par Louis XIV).

Les actes et les comptes de la fondation montrent que les habitants de Strasbourg et alentours ont fortement contribué à la construction de l’édifice par de très nombreux dons.

Différentes personnes vivent de la cathédrale : les artisans, les locataires des boutiques, mais aussi les clercs. Une liste dressée à la fin du XVIIIe siècle indique « les appointements et émolumens payés sur les revenus de la fabrique » : le receveur, le premier secrétaire, le second secrétaire, l’architecte, l’appareilleur, l’horloger, le facteur d’orgues entretenant l’instrument, le Munsterknecht, un vicaire, l’organiste, les tireurs de soufflets, les filles de controverses (congrégation religieuse de dames laïques), six gardes de la tour, deux vicaires, deux trompettes sur la tour, mais aussi des fonctions qui n’ont pas de lien avec l’édifice : un mesureur de grains, le sergent de la chancellerie, deux cochers, le maître d’école catholique, quatre Allmosenknecht pour l’aumônerie Saint-Marc et le bourreau.

Ces appointements étaient versés en nature (grains, vin, fagots de bois) et en argent.