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La pierre philosophale est aux Archives !

AVES, 101 Z 70
AVES, 101 Z 70
AVES, 101 Z 70

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La pierre de la transmutation

« La manière de réussir dans l’ouvrage de cette pierre est très difficile à découvrir, plus de quatre ou cinq mille auteurs en ont écrit en divers temps et en diverses parties du monde, […] ils ont parlé si énigmatiquement, qu’ils avertissent eux-mêmes le lecteur qu’ils n’ont écrit que pour leurs frères, et que si Dieu leur découvre ces mystères par révélation ou qu’ils ne leur soient révélés par un possesseur. »

 

Cet article sur la pierre philosophale apparaît dans un petit ouvrage tiré du fonds 101 Z, un fonds privé regroupant des pièces isolées. Coté 101 Z 70, l’ouvrage en question est un recueil de formules cabalistiques, de recettes d’onguents, de notes historiques ou botaniques et daterait du XVIIIe siècle.

L’auteur décrit ce qu’est la pierre philosophale et vante ses actions et ses bienfaits. Il prévient toutefois le lecteur de la qualité mythologique de cette pierre et que toutes ces données sont à remettre en question.

 

La recherche de la pierre philosophale a toujours revêtu une double dimension qui réunit les 2 pôles caractéristiques de l’alchimie : la réflexion sur la nature et les recherches techniques applicables à la médecine ou à l’industrie ; et d’autre part, le pôle mystique et spéculatif. Parmi les alchimistes, on va donc trouver des chercheurs attentifs au concret (plantes, minéraux, métaux) qui ont observé que les corps pouvaient subir des transformations sous l'effet de certains agents, tels que la chaleur ou la lumière, et se présenter sous forme de gaz ou de vapeurs, de corps pulvérulents, d'eau ou de feu en cas de combustion. Mais à côté de ces chercheurs, on rencontre aussi des adeptes pour lesquels l'or alchimique est avant tout l'expression de la perfection des êtres, et la pierre philosophale le symbole de l'homme régénéré par une transmutation mystique lui permettant de s'accomplir. 

La méthode de fabrication

La fabrication de la pierre est un processus complexe car l’alchimiste devait d’abord extraire la matière première des profondeurs de la terre puis suivre quatre étapes principales :

  • Dissoudre la matière dans l’eau
  • Évacuer l’eau superflue par volatilisation pour faire coaguler la matière afin d’obtenir un produit visqueux
  • Il faut ensuite séparer et rectifier les matières les plus subtiles
  • Et enfin, il doit unir les esprits purs afin d’obtenir la pierre philosophale.

Toutes ces étapes étaient encore subdivisées en sous-étapes qui devaient défier l’alchimiste et prouver sa valeur et ses connaissances.

 

Cette matière fait référence à la « prima matera » utilisée par Platon dans le Timée où le philosophe raconte que les quatre éléments proviennent d’une matière première, associée au chaos. Dans notre texte, conservé sous la cote 101 Z 70, la matière première est appelée « universelle », une « matière qui se trouve partout dans le monde et en tout lieu, qui ne coûte rien, qui est commune au pauvre et au riche, que nous avons tous devant les yeux et que bien peu savent choisir. » La définition est toujours aussi floue sur ce qu’est réellement cette matière…

 

On juge aujourd’hui que l’alchimie n’est pas vraiment une science. En fait, d’un point de vue philosophique, celle-ci viserait plutôt à la transformation de l’individu lui-même. Dans ce sens, la pierre philosophale fait figure de symbole, la pierre brute est devenue philosophale, à l’instar de l’homme vulgaire devenu éveillé et savant.