Annoncer et préparer les funérailles

Une fois la mort venue, les proches du défunt doivent organiser des funérailles qui respectent à la fois les rituels religieux mais aussi dignes de son rang social.

Préparer le corps

Après le décès, il convient de préparer les obsèques durant lesquelles le corps est inhumé ou incinéré. Ces préparatifs sont basés sur des usages rituels. Le corps est présenté aux proches après avoir été lavé et habillé ; des prières, des visites de condoléance accompagnent ce début de deuil.

Dans certains cas, le mort est mis en scène par l’exposition du corps. On peut mouler le visage du défunt, photographier ce dernier, opérations qui donnent une réalité tangible au souvenir du décédé et permettent d’en entretenir la mémoire. Certains personnages sont également magnifiés par l’exécution de bustes ou de statues commémoratives.

 

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Annoncer les funérailles

Accompagner le corps du défunt jusqu’au cimetière est une tradition. Elle compte parmi les « œuvres de miséricorde » qui, au Moyen Age, énumèrent les actions charitables. L’annonce de la mort et des funérailles se fait, à partir du XVIIIe siècle, par voie d’affichage et de lettres d’invitation aux obsèques.

Le décor de ces documents est adapté aux circonstances : ornementation macabre, évocation de l’au-delà, liseré noir. Avec le développement de la presse quotidienne locale, on prend l’habitude, surtout dans les villes, d’insérer des annonces de faire-part. Cet usage se répand après la Seconde Guerre mondiale.

Le contenu des annonces connaît une évolution : l’énumération de la parenté, les qualificatifs du défunt, les évocations religieuses font place progressivement à des déclarations plus personnalisées.

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Les sociétés spécialisées

Au long du XIXe siècle, des sociétés spécialisées apparaissent à Strasbourg. Elles proposent aux familles d’organiser les funérailles, en lieu et place des fabriques d’églises qui ont, depuis le Premier Empire, ce monopole mais qui ne peuvent l’assumer. Les prestations vont de la fourniture du cercueil au creusement de la tombe, avec l’organisation protocolaire, la diffusion des annonces mortuaires, la fourniture de couronnes, la location de voitures...

L’importance de ces sociétés va en croissant, en raison de l’impossibilité des fabriques d’églises d’assumer le monopole des funérailles et en raison des marchés concédés par la ville.

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La réglementation en matière funéraire

Les autorités civiles se préoccupent des funérailles depuis le Moyen Âge. Cela s’explique par la volonté d’éviter les dépenses somptuaires, de veiller à un respect des règles d’hygiène et d’offrir aux familles un service digne.

La règlementation promulguée par la Ville de Strasbourg concerne donc les tarifs demandés par les porteurs de bière, les fossoyeurs et, à partir du XVIIIe siècle, les loueurs de voiture. Elle définit également, à l’époque de la Réforme, les tenues de deuil et le temps du deuil. Du XVIe siècle jusqu’à la Révolution, c’est la fondation Saint-Marc, rattachée aux Hospices, qui gère les trois cimetières de Saint-Hélène, de Saint-Urbain et de Saint-Gall.

L’époque de la Réforme voit également l’interdiction d’inhumer dans les églises et dans les anciens cimetières situés dans l’enceinte. Les Strasbourgeois seront enterrés désormais dans les trois cimetières alors situés hors les murs. Mais cette interdiction connaît de nombreuses exceptions, notamment pour les personnalités. Après le retour du catholicisme en 1681, on voit à nouveau des inhumations en ville, dans les églises et les couvents.

Sous la Révolution, la règlementation se renforce. Dès 1792, avait été mis en place l’état civil avec la déclaration des décès, disposition complétée par la création des permis d’inhumer. La police des funérailles et des cimetières devient une affaire municipale, de par les décrets du 23 prairial an XII et du 18 mai 1806 dont l’application est maintenue jusqu’en 1997. A cette date, cet aspect du droit local est supprimé avec l’application du principe de libre concurrence et la création d’un EPIC (établissement public industriel et commercial). Mais le service des cimetières continue d’exister en ce qui concerne la gestion des sépultures.

Celui-ci est créé le 11 septembre 1912. Il gère les convois et la concession des tombes. Les fabriques des églises et le consistoire israélite renoncent alors à toute part dans l’organisation des funérailles.

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Les cérémonies usuelles

Les obsèques des habitants de Strasbourg ont toujours été, dans la grande majorité des cas, fort simples. Les indigents sont, depuis le Moyen Âge, pris en charge par la collectivité (paroisse, fondation, confrérie puis municipalité).

Les offices sont célébrés dans le cadre de la communauté religieuse ou, pour les incroyants, dans un cadre laïc. L’office religieux à l’église avant l’inhumation ne s’impose qu’à partir du XVIIe siècle. Auparavant, l’inhumation en présence d’un prêtre ou d’un pasteur pouvait donner lieu à une cérémonie, avec prières, chants et oraison funèbre, directement au cimetière. Des chaires extérieures existaient pour cet usage dans les parties protestantes des cimetières jusqu’à la Révolution.

En revanche, les personnalités sont honorées par de véritables fêtes funèbres, avec un décor et un cérémonial adaptés. L’époque moderne et contemporaine apprécie ces « pompes funèbres » dans une ambiance d’affliction organisée. C’est le cas pour le maréchal de Saxe, tant lors de l’arrivée de sa dépouille à Strasbourg que pour le transfert du corps dans le mausolée, vingt ans après, pour les souverains (Louis XV en 1774, Louis XVIII en 1824), mais aussi le général Hoche pendant la Révolution, ou encore le général Kléber en 1838, 1840 et 1945.

D’autres personnages de la noblesse, une comtesse de Hanau-Lichtenberg, un comte de Behr, connaissent de tels déploiements de faste qui permettent aux artistes de s’exprimer et aux corps sociaux de se montrer.

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Les pompes funèbres

Les personnalités sont honorées par de véritables fêtes funèbres, avec un décor et un cérémonial adaptés. L’époque moderne et contemporaine apprécie ces « pompes funèbres » dans une ambiance d’affliction organisée. C’est le cas pour le maréchal de Saxe, tant lors de l’arrivée de sa dépouille à Strasbourg que pour le transfert du corps dans le mausolée, vingt ans après, pour les souverains (Louis XV en 1774, Louis XVIII en 1824), mais aussi le général Hoche pendant la Révolution, ou encore le général Kléber en 1838, 1840 et 1945.

D’autres personnages de la noblesse, une comtesse de Hanau-Lichtenberg, un comte de Behr, connaissent de tels déploiements de faste qui permettent aux artistes de s’exprimer et aux corps sociaux de se montrer.

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Les sermons funèbres

Lors des obsèques de personnalités strasbourgeoises, l’usage, à partir de la fin du XVIIe siècle, est d’évoquer le défunt et de présenter sa vie en exemple, dans un discours prononcé par le recteur. Cet exercice concerne essentiellement les notabilités de l’université strasbourgeoise, mais aussi les membres de l’Eglise protestante et des autorités civiles.

Les sermons funèbres sont connus par l’impression qui était faite de ces textes, presque toujours en latin, sans doute affichée ou distribuée aux proches. Après 1681, les catholiques conservent cet usage, de même que les notables du XIXe siècle.

Les sermons funèbres, source de l’histoire sociale, constituent aussi un objet en soi, remarquable par son aspect, et plus particulièrement par l’éclectisme et l’élégance qui caractérisent sa typographie.

 

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Les rituels et la musique

Les rituels sont particulièrement importants dans le deuil et la perception de l’au-delà : ils offrent un cadre réconfortant aux survivants qui accompagnent le défunt à sa dernière demeure.

Dans le rite catholique, on prie pour l’âme du défunt, on honore son corps par l’aspersion d’eau bénite et l’encensement. S’en suit une période de deuil variable selon l‘âge du défunt et les liens qui l’unissent à sa parenté.

Dans le rite protestant, l’accent est mis sur l’espérance dans la Résurrection et le repos accordé au défunt. Là encore, la période de deuil est variable.

Le rite israélite rappelle la fugacité de la vie mais aussi l’espérance du Paradis pour l’âme, alors que le corps, enterré, devient poussière et retourne à la terre. Les pratiques liées au décès et aux funérailles ont comme objectif d'honorer le corps. L’observance des lois du deuil doivent aider la famille et les amis au cours du processus de deuil : sept jours durant lesquels la famille reçoit des visiteurs, puis trente jours de discrétion. L’usage est également de se retrouver en famille pour une prière commune, le Minyan, avant les obsèques.

La musique et les textes occupent une place centrale dans chaque rite. Ils donnent la tonalité de la cérémonie et expriment les croyances.

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Les enterrements maçonniques au début du XIXe siècle

La franc-maçonnerie est fortement implantée à Strasbourg sous l’Empire et la Restauration. Les différentes obédiences créent des rites destinés à célébrer le « passage à l’Orient éternel » des membres des loges.

La mort est présente dans tout le cérémoniel maçonnique, l’entrée dans une loge étant elle-même considérée comme la mort au monde profane et une nouvelle naissance dans le monde maçonnique.

Les rites se déroulent soit dans la loge, soit, si cela est possible, à l’église ou au cimetière. Le sermon funèbre qui célèbre la mémoire du défunt est accompagné de musique et de chants. Des rituels précis indiquent la marche à suivre.

La mémoire des défunts illustres est volontiers honorée, y compris celle des grands noms comme Erwin « de Steinbach », mythique fondateur de la maçonnerie.

 

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