Mille et un commerces

Dans un paysage commercial foisonnant, les boutiques les plus modestes côtoient les magasins les plus huppés qui peuvent occuper plusieurs étages, comme certains magasins de confection. Les « grands magasins », offrant une vaste gamme de produits, font leur apparition après 1870. Si de nouvelles formes de commerces naissent, d’autres activités, souvent spécialisées, disparaissent au gré des évolutions techniques ou des modes de consommation.

Boutique accolée à l'ancienne église des Dominicains, dessin aquarellé, XVIe siècle.

La naissance des vitrines

Le commerce fait partie de la vie de la cité depuis que l’agglomération existe. En revanche, la manière de présenter la marchandise aux clients a nettement évolué dans le temps. Les échoppes du Moyen Âge et encore au XIXe siècle se caractérisent par des larges ouvertures sur la rue qui apportent de la lumière et permettent aux chalands d’apprécier les objets ou le geste de l’artisan. Ces échoppes, qui étaient parfois de construction légère comme le montre un dessin de 1558, allaient de pair avec d’autres modes de commerce : les étals fixes sur les places de marché ou les places attribuées dans les marchés couverts comme à la grande boucherie. Le tableau peint à la fin du XIXe siècle par le peintre strasbourgeois Lothar von Seebach : « l’Atelier du cordonnier », évoque cette situation traditionnelle avec brio à la suite des gravures ou dessins du XVIIIe siècle.

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J. Bergmann's Warenhaus, 4, rue des Frères, avant 1914.

Les grands magasins

Apparu sous le Second Empire à Paris, le concept de « grand magasin » se développe en Europe à partir du modèle du Bon marché d’Aristide Boucicaut. L’Alsacien Bader, à la fin du XIXe siècle, crée les Galeries Lafayette sur les grands boulevards de Paris.
A Strasbourg, de grandes surfaces proposant une large palette d’articles (destinés d’abord à la clientèle féminine) apparaissent avec les Magasins Knopf au 41-45, rue des Grandes Arcades, en 1898. Les architectes Berninger et Krafft construisent un immeuble qui se distingue par une structure métallique et une décoration curviligne, avec de hautes baies vitrées sur toute la hauteur de l’édifice. Il prend le nom de Boka, spécialisé dans les nouveautés, c’est-à-dire la mode féminine. Les mêmes architectes construisent en 1899, juste à côté (n° 33 à 37), les magasins Manrique, avec une décoration de fer et de céramique (devenu par la suite le cinéma des Grandes-Arcades). Le magasin Goldschmidt, au 14, place Kléber, se développe derrière une imposante façade. Tous ces magasins se rattachent à la mode et à la confection.

Le premier grand magasin dans l’esprit des grandes surfaces parisiennes naît de la Grande Percée avec le lancement d’un concours d’architecture à l’automne 1912. Ce sont les architectes Berninger et Krafft qui emportent le marché, bien que n’ayant obtenu que le 4e prix. Filiale des Magasins Modernes de Paris, le Kaufhaus Modern devient, après 1918, le Magmod avant de devenir les Galeries Lafayette en 2000.

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Arrêté du maire relatif aux boulangers, affiche bilingue, 6 Messidor an IX

Commerce et administration

N’ouvre pas boutique qui veut ! Malgré la suppression du régime des corporations en 1791, la surveillance de l’administration reste forte. Il faut dire que cette surveillance est basée sur des dispositions fiscales : on peut tenir boutique à partir du moment où l’on paie l’impôt appelé patente. Le registre des métiers de 1802 et la matrice générale des patentes du XIXe siècle montrent la diversité des commerces ainsi que le revenu qu’ils génèrent pour le trésor public.

Tout nouveau commerce doit être déclaré, de même que toute fermeture. Cette déclaration administrative double celle faite au registre du commerce. Enfin, à partir de l’époque du Reichsland, rompant avec la situation en France, chaque secteur professionnel est organisé en syndicat, avec un règlement portant notamment sur la formation des apprentis, l’accession à la maîtrise et les règles d’embauche des ouvriers.

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