Génération Stoskopf (1949-1967) : paysages locaux et nouveaux ordres urbains

A la fin des années 1940, une nouvelle génération d'architectes, majoritairement d'origine strasbourgeoise et formée avant-guerre par Robert Danis, s'affirme à l'École. Parmi eux, Charles-Gustave Stoskopf (1907-2004) lui succède comme directeur de l'institution. L'enseignement académique, chapeauté par l'École des Beaux-Arts de Paris, se perpétue, parfois en décalage avec les réalités professionnelles de l'époque.

L'Alsace est particulièrement meurtrie par les destructions durant la Seconde Guerre mondiale et la Reconstruction marque le début de la carrière de ces architectes, progressivement rejoints par de jeunes diplômés. Les résultats architecturaux sont variés, associant modèles traditionnels et modernité tempérée. En milieu rural et pour les édifices emblématiques, les gabarits antérieurs sont maintenus mais leurs lignes sont simplifiées : Auguste Perret (1874-1954) semble être le maître à penser de nombreux architectes. 

En revanche, la production en milieu urbain et la croissance des quartiers périphériques des villes génèrent une plus grande radicalité. Les architectes appliquent les préceptes du Mouvement Moderne en déclinant les formes épurées et l'urbanisme fonctionnel tels que les a pensés Le Corbusier (1887-1965). L'État, impulsant une politique de construction de grande ampleur, impose par ailleurs des échelles et des cadres d'intervention nouveaux. A Strasbourg, la construction du quartier de l'Esplanade, menée sous la houellette de Stoskopf, en est une illustration. Ce dernier, lassé notamment par les faibles moyens accordés à l'ERAS, renonce à son poste de directeur environ un an avant les bouleversements de mai 1968 qui marquent la fin de l'enseignement académique en Alsace. 

Diversité de la reconstruction : traditions et sages innovations ?

L'après-guerre constitue pour l'École un moment de prise de relais significatif durant lequel s'affirme une nouvelle génération d'architectes, majoritairement d'origine strasbourgeoise et formés avant-guerre. Un duo formé par Stoskopf et son camarade François Herrenschmidt s'attelle à la reconstruction de l'École sur le plan humain et matériel. Le premier, émissaire de l'école strasbourgeoise au sein des jurys parisiens, devient à la mort de Danis le nouveau directeur de l'ERAS.

Le temps de son mandat coïncide avec une phase de Reconstruction et d'urbanisation particulièrement intense en Alsace à laquelle cet architecte et certains de ses confrères et élèves prennent une part considérable. 

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L'École régionale, rameau de l'ENSBA et chambre d'écho de la scène locale

Avant 1968, rien n'est véritablement bouleversé dans l'organisation pédagogique de l'École. Les études sont partagées entre l'atelier au palais du Rhin, où les élèves préparent leurs rendus aux exercices édictés et jugés par l'ENSBA et, parallèlement, les agences où ils grattent le temps d'un projet ou d'un concours. Le corps enseignant s'enrichit de la présence d'universitaires et d'artistes locaux, mais aussi d'architectes, souvent anciens élèves, actifs sur le terrain. 

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