Une guerre qui mobilise tous les médias

Affiche emprunt de guerre

Diverses techniques de communication ont été utilisées au cours de la guerre : des articles de presse dirigés et contrôlés, des publicités de presse, des cartes postales, des calendriers, des timbres postaux et même les premiers films de propagande. Mais, dans ce registre, le médium le plus utilisé et le seul permettant aux autorités d’atteindre le public le plus vaste était l’affiche : celle-ci était collée sur les panneaux d’affichage et les murs dans les villes comme dans les plus petits villages.

Avant la guerre, l’affiche avait été surtout un outil de communication pour les spectacles et pour la publicité commerciale. Au cours de la guerre, l’affiche devint une arme très efficace de propagande.

Deux formes d'affiches

L’affiche-texte est un placard qui se présente uniquement sous une forme typographique. Ce que l’autorité qui émet cette affiche reconnaît comme important est en caractères gras et souvent beaucoup plus grand. Les affiches-textes ont été moins collectionnées que les affiches illustrées. De ce fait, les collections parvenues jusqu’à nous ne reflètent pas l’émission réelle des affiches.

Sur l’affiche illustrée, l’image occupe l’essentiel de la feuille et transmet le message principal.

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Les autorités de l'affichage

En France, il y eut bien sûr les affiches officielles du début de la guerre, placardées par le gouvernement : affiches de mobilisation, proclamations liées à l’entrée en guerre. Les proclamations se multiplièrent tout au long de la guerre : discours du président de la République, prises de position du gouvernement. Toutes ces affiches étaient émises sous la forme d’affiches-textes, ornées de deux petits drapeaux tricolores ou de bordures tricolores. Cet affichage relevait directement du gouvernement ou se faisait par délégation. Deux ministères, guerre et affaires étrangères, développèrent des services de propagande spécifiques. Mais d’autres instances émirent également des affiches comme la Maison de la Presse, la Ligue des Patriotes, des associations d’artistes, et de multiples comités spécifiques.

 

En Allemagne, une loi de 1849 voulait que la communication par affiches soit réservée à la communication politique et à la seule publicité commerciale. Le gouvernement allemand et le commandement supérieur de l’armée ont lancé plus tardivement des campagnes d’affichage. Le gouvernement et la OHL (oberste Heeresleitung) diffusaient les ordres, décisions, règlements et les messages de l’empereur. Ce commandement supérieur de l’armée mobilisait des « peintres de guerre », comme Erler et veillait à la carrière d’affichistes connus qui avaient été appelés sous les drapeaux, comme Lucian Bernhard ou Martin Lehmann. Au niveau des fronts, sinon dans tel Land, le Generalkommando de tel corps d’armée avait toute autorité pour faire placarder les mesures jugées indispensables. Il y a eu aussi des initiatives régionales et locales et le rôle des banques, dans le cas des emprunts ; ces initiatives de Länder et de communes se multiplièrent lorsqu’il a fallu gérer la pénurie beaucoup plus précoce et plus dure en Allemagne qu’en France en raison du blocus maritime anglais.

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Deux cultures de l'affiche

En France :

Une tradition s’est installée fortement en France : le lien entre caricature et affiche. La loi sur la liberté de la presse de 1881 avait favorisé le foisonnement de journaux satiriques. Tous les quotidiens et hebdomadaires (Le Figaro, Le Petit Parisien, Le Journal…) avaient des rubriques illustrées et les revues illustrées satiriques étaient nombreuses autour de 1900, critiquant allègrement les institutions politiques, le clergé, les bourgeois. Outre La Caricature, Le Rire et bien d’autres, il y avait L’Assiette au beurre, qui est l’une des plus représentatives de ces revues : elle comptait parmi ses collaborateurs réguliers Steinlen, Gottlob, Faivre, Naudin, Willette qui tous produisirent des affiches pendant la guerre. Une majorité d’affichistes français de la Grande Guerre a été formée aux Beaux-Arts où ils avaient étudié le dessin et la peinture. Mais, les trois-quarts sont surtout des praticiens de l’image caricaturale : il leur faut trouver un dessin qui accroche et c’est ce qu’ils font lorsqu’ils créent une affiche pour la guerre.

En Allemagne :

L’affiche est un objet qui relève des arts décoratifs.

L’Allemagne avait également ses revues satiriques, mais la loi allemande sur la presse de 1874 était beaucoup moins tolérante que la loi française.

Une analyse et une réflexion fort modernes avaient été menées dans les Kunstgewerbeschulen, portant sur le concept qui devait être retenu pour une affiche, sur l’image qu’il convenait de choisir et enfin sur le rôle et la place du texte. L’affiche était ainsi devenue en Allemagne plus un objet technique qu’une création purement artistique.

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