Martin Luther et la Réforme protestante

Le Saint-Empire en 1517

Qu'est ce que la réforme protestante?

La Réforme protestante est un courant religieux et spirituel qui apparaît en 1517 à Wittenberg (Saxe) et, de là, se diffuse à travers toute l’Europe.
Cherchant à réformer la manière de croire et de vivre la foi chrétienne, Martin Luther propose de supprimer ce qu’il considère comme faux ou déviant.
La question principale est de savoir comment les péchés sont pardonnés et comment parvenir au salut éternel.
Jusqu’alors, on considère que la reconnaissance des péchés permet l’absolution (le pardon des péchés) par un prêtre, celle-ci devant être accompagnée d’une pénitence : une bonne action, un don à une oeuvre charitable, une prière, un pèlerinage… proportionnée à la faute pardonnée. Or, il est admis que cette pénitence peut être remise, en tout ou partie, par une indulgence accordée par le pape ou un évêque. Mais
ces indulgences font l’objet d’un véritable commerce, ce qui choque beaucoup de croyants dont Martin Luther. Outre cette question centrale se posent d’autres problèmes
: la forme institutionnelle de l’Eglise, la place des clercs dans la société, la légitimité de la vie monastique… Martin Luther propose une voie autre, en se basant sur l’étude de la Bible qu’il place au-dessus de tous les usages accumulés depuis plus de mille ans.

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Exemplaire imprimé des 95 thèses de Luther (publiées le 31 oct. à Wittenberg), édité en latin à Bale

Les 95 Thèses

Martin Luther est un moine augustin, professeur de théologie à l’université de Wittenberg. Choqué par le luxe de la cour pontificale qu’il découvre lors d’un séjour à Rome, il commence à se questionner sur la foi et ses pratiques, notamment celles des hauts dignitaires de l’Église. Le 31 octobre 1517, il proclame 95 thèses, c’est-à-dire
95 propositions qui contredisent les croyances et les usages admis, relatifs à l’autorité des clercs en matière de pardon des péchés. L’idée principale de Martin Luther réside dans la reprise des affirmations de saint Paul, dans la Bible : « Nous avons cru, nous aussi, au Christ Jésus pour devenir des justes par la foi au Christ, et non par la pratique de la Loi » (épître aux Galates 2, 16), et « Dieu m’a dit : ma grâce te suffit » (2e épître aux Corinthiens 12, 8).
Comme d’autres avant lui, Martin Luther souhaite réformer l’Église et non pas créer un courant religieux nouveau. Mais la rupture est inévitable en 1521, lorsqu’il est convoqué devant la diète impériale (réunion des puissances politiques membres du Saint Empire) pour s’expliquer. Charles Quint le condamne, interdit que soient publiés ses écrits, mais le laisse repartir. Luther se réfugie auprès de l’Electeur de Saxe qui le protège. Peu à peu, les partisans de ses idées deviennent de plus en plus nombreux : malgré des rencontres, des disputes publiques, des publications, on aboutit rapidement à la mise en place de nouvelles structures religieuses.

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Les réformateurs et collaborateurs de Luther (avec Melanchton à droite), par Lucas Cranach. 1558.

Différents courants et un culte rénové

Plusieurs courants avec des approches différentes prennent racine dans divers lieux. Des divergences importantes, notamment sur la question de l’Eucharistie (le Christ est-il présent physiquement, symboliquement, sous la forme du pain et du vin pendant la célébration de la cène ?) entraînent des tensions entre les réformés. Les Suisses, avec Ulrich Zwingli, développent une théologie particulière. Le corpus des nouvelles idées est mis au net en 1536 avec la Concorde de Wittenberg qui reprend chaque point important et le définit en s’appuyant sur la Bible : nombre de sacrements, définition de l’eucharistie, forme de l’Eglise, importance du peuple, place des clercs… en conciliant les
différentes tendances. C’est l’oeuvre conjointe de Luther, de Martin Bucer et surtout de Philippe Melanchton.

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COPIES DE CARACTÈRES D’IMPRIMERIE du XVe siècle.

L'imprimerie

L’imprimerie moderne est basée sur une technique nouvelle : celle des caractères mobiles, associée à la mise au point de la presse à imprimer et à une encre adaptée. Elle permet de reproduire un même texte à plusieurs centaines d’exemplaires, à un coût réduit par rapport à celui des manuscrits. Cette technique est mise au point par Johann Gutenberg à Strasbourg puis à Mayence où parait le premier livre imprimé avec des caractères mobiles : la Bible, en 1454. Dix ans plus tard, l’atelier de Jean Mentelin commence à imprimer des livres à Strasbourg.
La production est d’abord orientée vers la reproduction de textes anciens (Somme théologique de saint Thomas d’Aquin, oeuvres d’auteurs antiques…) mais aussi de calendriers, de missels, de poèmes, de romans et de petites feuilles d’actualité. Elle permet également la diffusion du « psautier » de Strasbourg, contenant les psaumes et des cantiques avec les mélodies, qui sert de modèle à diverses Eglises luthériennes, à
l’Eglise réformée (par le biais de Jean Calvin) ainsi qu’à l’Église anglicane (Bucer est exilé en Angleterre en 1549). Les textes de Martin Luther profitent pleinement de l’imprimerie
qui permet une diffusion rapide. Les opposants de Martin Luther, notamment Thomas Murner, un moine cordelier de Strasbourg, l’utilisent également pour défendre
leurs positions.

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