La carrière au sein de la corporation

Les règles de la formation professionnelle n'ont été fixées que peu à peu. La distinction hiérarchique entre maîtres, compagnons et apprentis n'est générale qu'au XVe siècle.

Les apprentis

• Le père du futur apprenti trouve un maître d’apprentissage et convient avec lui du prix de la formation, y compris les frais d’hébergement. Tous trois se présentent devant le tribunal corporatif et font enregistrer les termes de leur accord, y compris la durée de l’apprentissage, variable selon les métiers.
Après 2 à 3 années d’apprentissage, souvent remplies d’humiliations et de mauvais traitements, l’apprenti se présente à nouveau devant le tribunal corporatif, accompagné de son maître. Celui-ci déclare au tribunal que l’apprenti s’est bien comporté et qu’il a appris les bases du métier. Le tribunal corporatif le reconnaît alors comme ausgethaner Lehrjung, c'est-à-dire comme ayant satisfait aux exigences de l’apprentissage.
• Le jeune apprenti devra alors demander aux compagnons, ses futurs pairs, de le reconnaître comme l’un des leurs. Pour les convaincre, il lui faudra leur payer une fête assez onéreuse et subir quelques rites d’initiation plutôt désagréables.

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Les compagnons

•Au terme d'un apprentissage de deux à trois ans le plus souvent, un jeune homme devient donc compagnon (geselle) – c'est du moins ainsi que les intéressés se désignent eux-mêmes ; les autres les appellent valets (knehte).
Il travaille alors dans l'atelier d'un maître, chez qui il est logé et nourri. Bien que le tour de compagnonnage ne devienne obligatoire qu'à l'époque moderne, c'est dès le XIVe siècle que certains vont de ville en ville pour perfectionner leur formation ou chercher des chances d'établissement.
•Les compagnons sont de jeunes mâles célibataires. Ils sont nombreux – près d’un quart de la population active de Strasbourg – et viennent en partie de loin : en 1470, des compagnons pelletiers de Strasbourg sont originaires de Hongrie et de Silésie. Il s'agit donc d'un groupe dynamique, porteur d'innovations apprises ailleurs, et turbulent.

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Les maîtres

Pour passer maître, un compagnon doit d'une part avoir complètement appris son métier, d'autre part avoir amassé de quoi acquérir un atelier (locaux et matériel) et payer le droit d'entrée dans la corporation, et depuis le XVe siècle également le droit de bourgeoisie. En règle générale, c'est seulement alors qu'il peut aussi se marier.
Pour s’installer comme artisan, le brevet de maîtrise est exigible pour presque la moitié des métiers.
 
Le compagnon se présente devant le tribunal corporatif et déclare son intention de préparer son chef d’œuvre. On vérifie s’il remplit bien toutes les conditions exigées, qui varient selon qu’il s’agit ou non d’un fils de bourgeois et selon le métier exercé.
Si le compagnon n’est plus célibataire, on lui signale qu’il n’aura jamais le droit de prendre d’apprenti et qu’il faudra qu’il attende douze ans avant d’avoir le droit de prendre des compagnons.
On lui signale alors quelle pièce, avec quelles caractéristiques, il aura à réaliser.
On lui donne un délai et on lui indique dans l’atelier de quel maître il devra travailler à son chef-d’œuvre.
 
Lorsque le travail est accompli, le compagnon en réfère au tribunal corporatif qui dépêche les contrôleurs des chefs-d’œuvre sur les lieux. Ceux-ci rendent leur verdict et, si tout se passe bien, on lui certifie que désormais il sera reconnu comme maître parmi ses futurs pairs de la profession. Il peut maintenant s’inscrire à la corporation en tant que maître.

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