Présentation du producteur : La garde nationale et la garde d'honneur sont des milices bourgeoises qui ont existé par intermittences de 1789 à 1870, lorsque les besoins de maintien de l'ordre en ville le nécessitaient. Ces corps militaires ont également participé à des opérations militaires durant la Révolution et l'Empire.
La garde nationale
Dès le lendemain du saccage de l'Hôtel de Ville le 21 juillet 1789, les bourgeois de Strasbourg s'organisent en milices pour patrouiller la ville à la recherche des individus suspects et pour assurer la sécurité de certains bâtiments. Cette garde bourgeoise s'organise sur le modèle de la garde nationale de Paris dont elle prend le nom. Un premier règlement, en septembre 1789 indique que tous les hommes de 18 à 60 ans en état de porter les armes, bourgeois ou non, à l'exception des domestiques, sont astreint au service de la garde nationale. La ville est divisée en sept districts, chacun comptant entre cinq et huit compagnies, formant un bataillon. Quarante-deux compagnies et un peloton de cavaliers, et plus tard une compagnie de canonniers, sont formés, soit un effectif de 4 500 hommes. Les officiers sont élus par leurs compagnies et l'état-major par les capitaines des compagnies. Le 25 septembre 1789, les nouveaux gardes prêtent serment à l'Hôtel de Ville. Le service consiste en gardes de nuit et patrouilles nocturnes. La municipalité approuve le projet d'une confédération de la garde nationale avec la garnison et les gardes des départements voisins. La cérémonie a lieu le dimanche 13 juin 1790, à la plaine des Bouchers, actuelle plaine de la Confédération. Un détachement de la Garde nationale est ensuite envoyé à Paris pour la fête de la Fédération du 14 juillet 1790, organisée en souvenir du 14 juillet 1789. La loi du 14 octobre 1791 organise la garde nationale : recrutement censitaire, service non rémunéré, équipement à la charge du garde (hors armement). À Strasbourg, la municipalité apporte un soutien financier. La garde nationale assure la police de la ville, en particulier le maintien de l'ordre lié à la présence nombreuse de soldats, et le service de nuit. Elle garde les fortifications et les îles et le pont du Rhin. En 1792, la Garde nationale est dotée d'un conseil d'administration.
La guerre à partir de 1793 fragilise la défense de Strasbourg, et la municipalité se voit contrainte de solliciter les hommes de la Garde nationale. Mais la prolongation du conflit entraîne le mécontentement des bourgeois mobilisés qui multiplient les demandes d'exemption. Le 25 floréal an III [14 mai 1795], la municipalité renforce le caractère militaire de la Garde nationale, composée d'infanterie et de cavalerie. Le 8 prairial an III [27 mai 1795], la Garde est composée de sept bataillons et la ville est divisée en six arrondissements. L'indiscipline gagne les rangs de la Garde, si bien que la municipalité prévoit des mesures disciplinaires contre les absents et les délinquants (séance du 12 brumaire an VI [2 novembre 1797]) et le service de nuit est réorganisé (17 frimaire an VII [7 décembre 1797]). La Garde nationale intervient également dans des conflits armés extérieurs à la ville, notamment lors du siège de Kehl (1793). Le service est exigeant et nombreux sont ceux qui cherchent à s'en exempter.
Napoléon réorganise la Garde nationale par les décrets du 8 vendémiaire an XIV [30 septembre 1805] et du 20 septembre 1806. Le 27 septembre, le maire prend un arrêté créant une commission spéciale chargée d'organiser la Garde nationale. La Garde est alors divisée en quatre cohortes, composées chacune de huit compagnies de gardes, d'une compagnie de grenadiers et d'une compagnie de chasseurs. Les armes et l'équipement sont fournis par les magasins de l'État. Tous les citoyens domiciliés et âgés de 20 à 60 ans sont concernés. Les contraintes et la dureté du service suscitent à nouveau les protestations de nombreux Strasbourgeois et le 16 mars 1811, le maire Brackenhoffer arrête une liste d'administrateurs et fonctionnaires exemptés « du service sédentaire ou d'activité intérieure de la Garde nationale ». À partir de 1812, la situation militaire devient sérieuse, et la Garde nationale est plus fortement sollicitée. Elle est réorganisée par le sénatus-consulte du 13 mars 1812, subdivisée en trois bans (de 20 à 26 ans, de 27 à 40 ans, de 41 à 60 ans). Le décret du 14 mars 1812 prévoit la formation de 88 cohortes pour toute la France, constituées des gens du premier ban, soit 47 gardes pour Strasbourg. En 1813, la charge alourdit encore les obligations, le 13 juillet, les exemptions disparaissent, le 1er novembre, tous les gardes doivent se réunir dans leurs compagnies respectives. Lors du blocus de Strasbourg, en 1814-1815, la Garde nationale, forte d'environ 6 000 hommes est amenée à défendre la ville, l'une des premières fortes de l'Empire. La chute de Napoléon et le retour à la paix diminuent les besoins de maintien de l'ordre. En 1817, la Garde nationale est mise en sommeil par le préfet Bouthilier pour « libéralisme », elle est dissoute en 1834 pour « radicalisme ». Fierté de la ville, la Garde se caractérise en effet par un esprit d'opposition aux régimes politiques en place. Suite aux événements de juillet 1830, la garde se remet à l'entraînement, mais avec des heurts vis-à-vis des autorités. En témoigne le refus des magasins de l'Armée de délivrer gratuitement la poudre en septembre 1832. L'ordonnance du 10 juillet 1834 portant dissolution de la Garde nationale de Strasbourg fait disparaître cette milice bourgeoise qui se reforme au moment de la révolution de 1848. Elle est à nouveau dissoute par décret du Président de la République en date du 8 mars 1851 pour « républicanisme ».
La Garde d'honneur
La première Garde d'honneur de Strasbourg est constituée lors de la venue de Louis XV. Lors du passage de Napoléon et Joséphine, il se forme une garde d'honneur pour leur accueil et la protection du Palais impérial. Elle est définitivement constituée par la délibération du Conseil municipal du 26 prairial an XIII [15 juin 1805] et les deux arrêtés des 7 août 1806 et du 26 juin 1809. La Garde est composée d'une compagnie à cheval, de deux compagnies à pied et d'un corps de musique. A partir de 1810, la ville ne reçoit plus de souverain et la garde n'est plus utile, d'autant qu'elle rencontrait de sérieuses difficultés de recrutement. Elle est remise en service par le sénatus-consulte du 3 avril 1813 et par décret du 5 avril 1813, pour reconstituer la filière des cadets-gentilshommes et ouvrir à la carrière des armes à des fils de famille les plus recommandables par leur fortune et leur rang dans la société. Elle est composée de quatre régiments de cavalerie. Les gardes doivent s'équiper à leurs frais. Les gardes strasbourgeois enrôlés se regroupent à Metz dans le deuxième régiment. La Garde d'honneur est dissoute en 1814.
Le recrutement de la Garde d'honneur est effectué au niveau de l'une des douze sections de la ville de Strasbourg, découpage administratif instauré en 1790 :
- 1ère section : Faubourg Blanc
- 2e section : Faubourg de Pierre
- 3e section : Saint-Pierre-le-Jeune
- 4e section : Vieux-Marché-aux-Vins
- 5e section : Petits Capucins
- 6e section : Temple Neuf
- 7e section : Saint-Étienne
- 8e section : Évêché
- 9e section : Saint-Thomas
- 10e section : Saint-Nicolas
- 11e section : Sainte-Madeleine
- 12e section : Saint Guillaume (et la Citadelle
Modalités d'entrée : Versement.
Importance matérielle : 3,59 mètres linéaires (101 articles)
Données techniques : PAPIER
Réfèrence des originaux : Sans objet.
Historique de la conservation : Versement entré aux Archives à une date inconnue, coté lors du déménagement des Archives en 2004.
Documents de substitution : Sans objet.
Sources complémentaires : Aux Archives de Strasbourg
Série MW - Archives administratives
1 MW - Conseil municipal, règlementation. - Textes généraux : constitution de 1791, lois et décrets, décisions nationales, décisions de l'institution départementale (1790-1799). Registres des décisions municipales et de correspondance des instances communales (1790-1800). Index pour les matières ayant fait l'objet d'un arrêté (1791-1834). Tribunal de police de la ville pour la période révolutionnaire. Registres de la Société des Amis de la Constitution (1790-1793). Relevés d'actes. Recueil d'imprimés de l'époque révolutionnaire. Décisions et arrêtés de l'autorité municipale (1790-1834). Souvenirs de l'époque révolutionnaire. Registres de délibérations du conseil municipal et instances équivalentes (1790-1973).
269 MW 37 - Garde d'honneur impériale, recrutement et matériel : état nominatif, correspondance (1814).
269 MW 45-50 - Garde nationale (1800-1834).
<281 MW 1-2 - Délibération de la Garde nationale, délibération du Conseil municipal, proclamation, procès-verbal, circulaire, discours (fascicule et affiche imprimés) (1790-an III [1795]).
281 MW 35 - Volontaires pour servir dans les deux compagnies du train attachées au corps de canonnier de la Garde nationale de Strasbourg, enregistrement : liste nominative (1815).
153 MW 466 - Baraque de la Garde nationale au Petit Polygone : rapport, correspondance, plans, notes (1849).
320 MW 2 - Cathédrale. - Offrande de drapeaux par la garde nationale pour orner la tour (an II).
316 MW 551 - Projet d'appropriement de la tour servant autrefois de maison d'arrêt des femmes pour être affectée au bureau de l'Octroi à des préposés de la douane avec un logement d'employé et prison de la garde nationale au-dessus (1834).
101 Z - Pièces isolées
101 Z 1181 - Garde nationale de Strasbourg en 1848 : article de Paul Schmid paru dans le Journal d'Alsace-Lorraine (10 mars 1912), en fascicule décoré (1912).
LDA Lois, Décrets, Arrêtés et ordonnances : collection de textes officiels imprimés émanant du pouvoir central ou de la Ville de Strasbourg.
LDA 328 - Garde nationale, gendarmerie (1789-1869).
Fi - Fonds figurés
524 FI 24 - Allgemeine consigne für deb Dienst der National Garde, 17 August 1791. [Consignes générales pour la garde nationale, 17 août 1791]. (Maire Dietrich et procureurs Xavier Levrault et Thomassin).- 48 x 72 cm / NB, imp. TH; J. Dannbach, imprimeur officiel de la ville de Strasbourg.
Fonds de La société des amis des arts et des musées de Strasbourg
126 Z 1133 - Histoire de Strasbourg et de l'Alsace : collection de documents originaux. - Garde nationale (1830-1850).
126 Z 1238-1239 - Garde nationale, organisation (1789-1848).
Fonds du Musée historique
80 Z 5 - Avis d'incorporation dans un Bataillon d'Elite de la Garde Nationale de Strasbourg adressé à Fritz CH. (30 mai 1815).
80 Z 16 - Garde nationale de Strasbourg : imprimés (1806-1852).
80 Z 19 - Garde nationale de Strasbourg : imprimés (1890-1791).
80 Z 21 - Certificat pour Salomon Levi pour le service effectué dans la 3e compagnie du 2e bat. de la garde nationale. Strasbourg le 16 octobre 1793. (Manuscrit).
80 Z 29 - Lettre du Ministre de la Guerre, Maréchal Davant, concerne un ordre de l'Empereur Napoléon de faire partir les bataillons de garde nationales d'élite dans les places pour la défense desquelles ils sont destinés (5 mai 1815). Extrait de la répartition entre les places pour lesquelles les bataillons d'élite de la garde nationale sont destinés. (s.d.). Destination des bataillons de la garde nationale dans les places de la 5e division militaire. (s.d).
Fonds complémentaire Georges Foessel
208 Z 37 - « Souvenir de la fête républicaine du 16 avril - Plantation de cinq arbres de la liberté à Strasbourg et de la fraternisation de la Garde nationale avec l'Armée à laquelle prenaient part les Polonais, Suisses, Allemands et Italiens » : lithographie de C. Fasoli et Ohlman à Strasbourg [s.d.] L62/H51cm.
208 Z 74 - « Souvenir des derniers honneurs rendus à la mémoire du Général Lafayette par la Garde nationale et les Citoyens de Strasbourg, le 27 mai 1834 » : lithographie de F.J. Oberthür [s.d.] L38/H43,7cm.
208 Z 75 - « Souvenir de la Compagnie du bataillon de la Garde nationale de Strasbourg, 22, 23, 24 février 1848 » : lithographie de D. Balzer à Strasbourg [s.d.] L53/71cm.
208 Z 76 - « Liberté, Égalite, Fraternité : Wie d'Gard = Nassionnal von Stroeßburg uffgelößt wurd », Mai 1852 : lithographie D. Baltzer à Strasbourg [s.d.] L38/H43cm.
208 Z 80 - La Garde nationale à Strasbourg en 1870 : dessin de Frédéric Régamey [s.d.] L28/H36cm.
208 Z 84 - « Soldats de la Garde nationale » : dessin [s.d.] L42/H35cm.
208 Z 85 - « Souvenir - Artillerie de la Garde nationale - Bas-Rhin - Strasbourg » : lithographie de E. Lemaître à Strasbourg [s.d.] L37,5/H49cm.
Aux Archives d'Alsace, site de Strasbourg
Série L Période révolutionnaire (1790-an VIII)
Bibliographie : Igersheim (François), « Garde d'honneur », in Dictionnaire historique des institutions de l'Alsace du Moyen âge à 1815, n°8, p. 918.
Metz (Bernard), « Garde nationale », in Dictionnaire historique des institutions de l'Alsace du Moyen âge à 1815, n°8, p. 918-925.
Livet (Georges), Rapp (Francis), Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, Strasbourg, 4 vol
Sujet : AGENT DE LA FORCE PUBLIQUE