Alexis Keller : les Alsaciens en Algérie entre 1830 et 1870

Depuis plus de vingt ans, M. Alexis Keller parcourt les archives publiques pour constituer une base des Alsaciens en Algérie entre 1830 et 1870. Le fichier ainsi créé permet de suivre des destins individuels ou familiaux ; au-delà de l’intérêt lié à l’histoire des familles et à la généalogie, ce travail est également une base fondamentale pour l’histoire sociale tant de l’Alsace que de l’Algérie au XIXe siècle.

Grâce à la générosité de M. Alexis Keller, son travail est désormais mis à disposition de tout un chacun.

Les Alsaciens arrivant en Algérie, gravure de Claretie, 1874 (jpg - 259 Ko)

Présentation de la recherche

Trois raisons fondamentales expliquent l’émigration alsacienne vers l’Algérie. La misère en est incontestablement la cause principale. Certaines années, la rudesse des hivers, et les crues, particulièrement celles du Rhin, qui ruinaient les cultures et les habitations, poussèrent surtout cultivateurs et artisans à émigrer.

Cette émigration de masse commença le 30 août 1838 et se termina le 19 juillet 1870 avec le début de la guerre franco-allemande.

Entre le 5 juillet 1830 date de la prise d’Alger et le 30 août 1838, il y eut essentiellement l’arrivée à Alger des émigrants en provenance du Havre.
La destination projetée de ces malheureux était les Etats-Unis. Ils furent vraisemblablement détournés vers l’Algérie à cause de l’épidémie de choléra qui sévissait en France et à New-York.

L’importance de cette migration fluctua dans le temps. Au cours de la décennie 1860-1870, elle décrut fortement avec l’industrialisation de l’Alsace, notamment avec le développement du pôle industriel de Mulhouse qui augmenta sensiblement l’emploi.

Pour retracer l’histoire de cette émigration, il m’a paru évident de commencer par répertorier les Alsaciens candidats migrants, célibataires ou mariés, de rechercher leurs identités et la composition de leurs familles lorsque les documents officiels étaient imprécis ou incomplets.

J’ai aussi relevé le calendrier de leurs formalités administratives de départ et de leurs passages dans les différentes localités de l’itinéraire imposé (et qui restera inchangé pendant la période considérée) jusqu’en 1846 à Toulon puis au-delà à Marseille, ports d’embarquement.

J’ai également consigné les situations particulières révélées par les archives (affaires familiales, etc…).

Parmi ces migrants se trouvaient des individus et des familles originaires
de différentes contrées de France, de l’Outre-Rhin ou même d’autres pays,  soit qu’ils aient fondé une famille en Alsace ou qu’un ou plusieurs de leurs enfants y soient nés. Cette catégorie n’a pas fait l’objet de recherches particulières car elles se trouvent en marge  de cette étude.

Par ailleurs, je n’ai pas recherché s’il y eut des Alsaciens partis par les convois fluviaux de 1848 de Paris ou d’autres départements.

Certains de ces émigrants feront des allers-retours, quelques mois, voire quelques années plus tard, pour régler des affaires familiales ou pour rétablir leur santé et plus rarement, pour les jeunes gens, pour satisfaire à leurs obligations militaires.

Commencées fin 1993, mes recherches ont été achevées en octobre 2015.

Malgré un travail de vingt-deux années, je suis pleinement conscient que cette étude n’est ni exhaustive, ni parfaite.

Nota : Au début de cette recherche j’ai relevé conjointement migrants Alsaciens et Allemands.

Par la suite, devant l’ampleur de la tâche j’ai dû me consacrer aux seuls Alsaciens.

 

 


Sources des recherches des émigrants et méthodologie

Sources

L'étude couvre les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin ainsi que le Territoire de Belfort (à cette époque arrondissement du Haut-Rhin).

Séries "émigration" :

Archives départementales et municipales, uniquement sur information pour
ces dernières.          

Etat-civil, sur la totalité des communes (plus de 1000)

            Retranscription des décès intervenus en Méditerranée et en Algérie.        

            Recherche des identités et reconstitution des familles

            (Les archives qui traitaient des départs sont souvent incomplètes à ce sujet).

            Recensements des populations  entre 1836 et 1866.

            Archives militaires, recensements, tirages au sort, exemptions, listes
des contingents des jeunes gens résidant en Algérie.

Ponctuellement :

            Archives diverses : Instruction publique, Confession d’Augsbourg, enregistrement etc…

            Archives des départements traversés par l’itinéraire, pour ce qui concerne le paiement des secours de route.

            Archives Nationales d’Outre-mer à Aix-en-Provence (En ligne : Anom Etat-civil).

Principales règles retenues

Mariages des Alsaciennes avec des nationaux ou des étrangers : en Alsace sous
le patronyme du mari, en Algérie sous le patronyme de la femme.

Certains migrants n’ont pu être identifiés (ils n’ont pas, par ailleurs, été retrouvés dans  les fichiers des Allemands).

Processus administratif daté du retour d’Algérie.

Références des documents

Les documents du Bas-Rhin ne sont pas suivis du numéro du département.

Ils le sont pour tous les autres, qu’ils soient inscrits ou non entre parenthèses.

Contraintes principales rencontrées

Etat-civil :

déformations patronymiques et toponymiques des actes d’état-civil, d’Algérie notamment.

Lecture des actes rédigés en allemand ancien. Mauvaise tenue de certains documents, essentiellement ceux relatifs aux secours de route.

 

 


Perspectives : l’Histoire de cette émigration

Les listes nominatives ouvrent la voie à un travail de statistiques, malgré les lacunes déjà citées et des dossiers d’émigration incomplets des préfectures du Bas-Rhin et du Haut-Rhin.

Ce travail peut être entrepris dès à présent.

Base des recherches

Pourrait avoir pour base les documents que j’ai collectés tout au long de mes recherches, par exemple :

  • Les migrants vers les Etats-Unis qui se sont retrouvés à Alger en 1832 ;
  • Les conditions matérielles du voyage du lieu de départ aux ports  d’embarquements et à bord des navires ;
  • Les orphelins du Bas-Rhin envoyés à l’orphelinat de Misserghin en 1853 ;
  • Le Fouriérisme de l’Union agricole de Saint Denis du Sig. 

Les sources extérieures complémentaires

  •  Le fonds F 80, des Archives d’Outre-mer à Aix-en-Provence (concessions des terres, etc…) ;
  •  Les Archives nationales ;
  •  Les rôles d’équipages de la Marine à Toulon (Beaucoup de ces rôles n’ont que des indications du nombre d’émigrants).

 

 


Remerciements aux personnes qui m’ont aidé

Monsieur Edmond DIDIERJEAN (+) de Rombach-le-Franc pour les recherches effectuées dans son village.

Monsieur Jean-Luc EICHENLAUB, directeur des Archives départementales du Haut-Rhin qui a mis à ma disposition, à Colmar,  les microfilms d’état-civil du Territoire de Belfort et accueilli dans les locaux des Archives ma première conférence sur l’émigration des Alsaciens.

Madame Renée LIGNEZ pour la communication de ses recherches sur les Alsaciens pensionnés militaires en Algérie.

Madame Jacqueline PISELLI, qui m’a  prêté son concours durant quelques années et dont ses connaissances de l’allemand ancien m’ont été précieuses pour la traduction de nombreux actes.

Monsieur André SANTELLI, ami de longue date, pour son aide informatique.

Madame Marie-Josée VETTER, précieuse collaboratrice.

 

 


Répartition alphabétique entre les fichiers

L'étude se compose de 39 fichiers comportant 5314 pages.

Nota : dans les fichiers, l’ordre alphabétique n’est pas rigoureusement respecté.

 

 

 Premier nom

 

 Dernier nom

Pages

A

 

 

 

131

B1

 

 

BELARD Georges

140

B2

BELLE Philippe

à

BISCHLER Antoine

144

B3   

BISCHOF François Antoine

à

BRAUNSTEIN Auguste

158

B4

BRAUNWALD Jean Louis

 

 

139

C

 

 

 

129

D1

 

 

DIETSCH Florent,Laurent

123

D2

DIETSCHY Pierre

 

 

114

E

 

 

 

145

F1

 

 

FRANCK Barthélémy

137

F2

FRANCK Georges Frédéric

 

 

114

G1

 

 

GEORGELE Joseph

166

G2

GEORGER André

 

 

184

H1

 

 

HEIL Conrad

127

H2

HEIL Georges Philippe

à

HEROLT Pierre

107

H3

HERR Michel

à

HOERSTER François Joseph

110

H4

HOERT Jacques

 

 

116

I-J

 

 

 

131

K1

 

 

KNAEBEL Antoine

198

K2

KNAUB Bernard

 

 

158

L1

 

 

LEONHARTE Antoine

124

L2

LEOPOLD Augustin Aloyse

 

 

133

M1

 

 

MATTER André

117

M2

MATTER Jean Georges

à

MEYLER Frédéric

113

M3

MEYER François Michel

à

MORLOT Pierre

129

M4

MOROGE Lambert

 

 

104

N-O

 

 

 

115

P-Q

 

 

 

130

R1

 

 

RITSCH Antoine

140

R2

RITTER Barthélémy

 

 

135

S1

 

 

SCHMITT Elisabeth

162

S2

SCHMITT Etienne

à

SCHWABEL Anne Caroline

177

S3

SCHWABRE Frédéric Jacob

à

SPORT ( ! ?)François Joseph

195

S4

SPITTLER Georges

 

 

176

T

 

 

 

  92

U-V

 

 

 

141

W

 

 

WENDEL Eben

138

W-X

WENDERLI Charles Chrétien

 

 

144

Y-Z

 

 

 

  78


Sigles utilisés

AD Archives départementales

AM Archives municipales

Anom AixenP. Archives nationales d’Outre-mer à Aix-en-Provence     (archives en ligne).

APG Autorisation de passage gratuit. Ce document était délivré par le Ministère de la Guerre. Il autorisait le titulaire, seul ou avec sa famille à faire gratuitement le voyage maritime, à bord d’un bâtiment de l’Etat ou d’une compagnie de navigation privée.

dcd  décédé

dist. distance

dmd  demande

fbg  faubourg

F2 l’émigrant, sa femme et le nombre d’enfants (ici 2 enfants, cette formulation n’a pas toujours été exacte).

FR. fournir renseignements (concerne certificats de moralité, d’indigence s’il y a lieu, médical, non-imposition, libération du service militaire).

GGA Gouverneur Général de l’Algérie.

Minis. G. Ministère de la Guerre.

m.m  mention marginale.

Myria. Myriamètre  (1 myriamètre = 10 km.)

1 p. 1 personne, 2, etc

PFBR Préfecture du Bas-Rhin  

PFHR  Préfecture du Haut-Rhin

SPF Sous-préfecture

SR. Secours de route : était accordé par la préfecture de départ. Avancés par les mairies des villes-étapes, remboursés par l’Etat, par l’intermédiaire de l’autorité militaire territoriale. Base : 30 centimes par  personne et par myriamètre. Initialement pour une famille SR prévu pour 3 personnes au maximum, l’enfant devait avoir plus de 12 ans.  Ces conditions d’attributions varieront dans le temps. Les secours de route furent supprimés par le décret du 7 février 1864.

STBG Strasbourg