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L’Institut de chimie sur le campus de l’Esplanade

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La construction d’un nouveau campus : une nécessité

Après la Seconde Guerre mondiale et la reconstruction, l’accroissement de la natalité durant les Trente Glorieuses entraine une augmentation considérable du nombre d’étudiants. En outre, la généralisation des études secondaires et la banalisation du baccalauréat, qui conditionne l’entrée à l’université, permettent à trois fois plus de jeunes d’accéder aux études supérieures. A Strasbourg, le nombre d’étudiants passe de 5 000 en 1954 à 16 000 en 1965.

La spécialisation des disciplines conduit à une multiplication des cours et des enseignements et à l’allongement de la durée des études. Conçu pour quelques centaines d’étudiants seulement, le Palais universitaire et les instituts annexes se trouvent alors largement dépassés. Par ailleurs, l’inadaptation de ces bâtiments aux nouvelles méthodes d’enseignement et d’installations spécialisées nécessite donc d’urgence la construction de locaux fonctionnels.

Strasbourg bénéficie d’une opportunité unique : 74 hectares de terrains militaires (aménagés après 1681 par Vauban, utilisés par la garnison après 1870 puis délaissés) sont libérés en 1954 par le ministère de la Défense. Le site se trouve à proximité du centre-ville et à 7 minutes à pied du Palais universitaire ; l’université peut donc rester en ville. Après quelques années d’hésitations et de négociations face à l’ampleur du projet d’implantation de la nouvelle université, 14 hectares disponibles à l’Esplanade sont officiellement acquis par le Ministère de l’Education nationale en 1957 et les disciplines scientifiques s’y installent en premier. Le professeur H. Forestier, directeur de l’institut de chimie, se bat ainsi depuis le début des années 1950 pour acquérir ou faire construire un nouvel équipement pour sa faculté. L’Institut de chimie et la faculté de droit sont d’ailleurs les premiers édifices construits sur le campus, avec la pose de la première pierre le 17 décembre 1960.

L’Institut de chimie : un édifice remarquable au sein du quartier de l’Esplanade

L’Institut de chimie se situe à proximité de la faculté de droit et du centre névralgique du campus. Ces deux bâtiments sont construits sur les plans de l’architecte Roger Hummel (1900-1983), spécialiste de l’architecture scolaire, en collaboration avec l’architecte Gustave Stoskopf (1907-2004), en charge de « l’Opération Esplanade ». Leur forme participe également de l’organisation du campus. Ils présentent un plan similaire : un corps de bâtiment oblong relié à un autre de forme hexagonale. Mais l’institut de chimie qui ouvre ses portes en 1963 se développe dans la hauteur avec une tour élancée ; il est d’ailleurs le seul élément vertical de toute l’Esplanade.

Le professeur H. Forestier, directeur de l'Ecole nationale supérieure de chimie (ENSCS), impliqué dans la construction aux côtés des architectes, s'est inspiré de la tour BASF à Ludwigshafenen forme d'aile d'avion. Spécialiste des métaux, il préconise une tour en béton et l'emploi de l'acier inoxydable à l'extérieur allié au bois anti-acide à l'intérieur.

Conçue comme le phare de cette nouvelle université, cette tour élégante reste le point de repère le plus connu du campus de l'Esplanade et surtout l’édifice le plus haut de Strasbourg après la cathédrale, avec une envolée à plus de 73,6 mètres sur 16 niveaux.

Sources et bibliographie

Sources :

Archives de Strasbourg, 951 W 24.

 

Orientation bibliographique

MOSCA Lucie, HARSTER Frédéric, La faculté de droit de Strasbourg. Campus de l’Esplanade, Lieux-Dits, Lyon, 2012.

Article « Tour de Chimie - 1 rue Blaise Pascal (Strasbourg) » sur le site internet Archi-Wiki.