Temps forts de l'histoire

Au carrefour de l’Europe, Strasbourg a souvent été le théâtre d’évènements historiques majeurs. Bénéfiques ou néfastes, ceux-ci ont été facteurs de changements profonds tant pour la population que pour la ville elle-même.

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Le roi Louis XV en visite à Strasbourg en 1744 : réception devant la cathédrale par l'évêque

Quand Strasbourg recevait rois et princesses. Entrées royales et solennelles du Moyen Âge au XXe siècle

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Le roi Louis XV en visite à Strasbourg en 1744

Bien avant de devenir capitale européenne, Strasbourg a reçu au long de son histoire nombre de têtes couronnées, qu’il s’agisse de ses souverains ou de monarques étrangers de passage. Chacune de ces entrées a fait l’objet d’une fête populaire, mêlant défilés, joutes nautiques, décors éphémères, bals, illuminations et feux d’artifices. Elles constituent un moment d’échange entre l’hôte et la ville qui s’exprime à travers ses corps constitués : corporations, métiers, conseil de la ville.
Certes, les conditions politiques ne sont pas les mêmes selon les époques : les empereurs du Saint-Empire romain germanique reçus au Moyen Âge doivent tenir compte des privilèges et exemptions dont jouit la ville libre, mais celle-ci doit entretenir le souverain et sa suite pendant son séjour. Les relations entre la cité et l’empereur s’avèrent souvent tendues mais profitent de cette tradition d’accueil fastueuse dont les rituels se mettent en place tout au long du Moyen Âge et survivront bien au delà.
A partir de 1681, avec la capitulation de la vieille république devant les troupes de Louis XIV, Strasbourg devient une ville royale française qui doit montrer sa soumission, mais aussi la porte du royaume vers l’est. C’est par elle que les dauphines et les futures reines pénètrent en France.
Marie Leczinska, déjà en Alsace, y épouse par procuration le jeune Louis XV. Marie Josèphe de Saxe en 1747, Marie Antoinette d’Autriche en 1770, sa petite-nièce Marie-Louise en 1810, toutes reçoivent les honneurs de la ville. Au XIXe siècle, ces visites constituent l’occasion pour les nouveaux maîtres de se montrer et de requérir la loyauté des habitants. Après 1870, les visites des empereurs allemands oscillent entre méfiance et acceptation du nouveau régime. Enfin, la venue du président Poincaré et de Georges Clemenceau en 1918 marque une ère nouvelle : il n’y a plus de souverains, mais une légitimité républicaine.


1870, Strasbourg brûle-t-il ?

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L'Aubette sous les flammes, siège de 1870

Le 19 juillet 1870 éclate la guerre entre la France de Napoléon III et la Prusse de Guillaume Ier et de Bismarck. Strasbourg, ville-forteresse, subit alors le siège le plus meurtrier de son histoire. Malgré une impréparation totale, un matériel obsolète et une garnison en infériorité numérique, la place résiste seule, coupée du monde, durant 46 jours face à une armée de 60 000 hommes dotée d’une puissance de feu écrasante. Affrontement
entre deux nations, ce siège est aussi le duel entre deux hommes, le général Jean-Alexis Uhrich, gouverneur militaire de Strasbourg, et le lieutenant général August von Werder, commandant les troupes assiégeantes. Le siège commence le 13 août. Le bombardement s’intensifie à partir du 23 août. De nombreux monuments sont alors réduits en cendres : le musée des Beaux-arts à l’Aubette, la bibliothèque municipale au Temple-Neuf, le tribunal, la préfecture, le théâtre, la toiture de la cathédrale. Au total, plus de 200 000 obus s’abattent sur la ville. Mais ce bombardement ne brise pas la résistance des défenseurs. Ce n’est que le 28 septembre, à la veille de l’assaut final, que la ville hisse le drapeau blanc. Au final, un tiers de la ville est détruit, 1400 Strasbourgeois ont trouvé la mort ou sont blessés et 10 000 sont sans abri. Mais ce siège est aussi marqué par le secours apporté à la population strasbourgeoise par la Confédération helvétique. Le 11 septembre, les délégués des villes de Bâle, Zurich et Berne entrent dans Strasbourg et obtiennent de Werder l’autorisation d’évacuer une partie des habitants.

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Strasbourg Belle Epoque 1900-1914

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Les baigneurs du Rhin

La « Belle Époque » évoque une période rutilante, dynamique, marquée par le progrès des sciences et des techniques, par une croissance du niveau de vie pour une grande partie de la population. Sous quels visages se présente Strasbourg durant cette Belle Époque, avant que les bruits de bottes ne secouent l’Europe ?
Ces visages sont multiples : la société strasbourgeoise est composée de l’armée, très présente, de l’université, d’une élite intellectuelle qui n’est pas insensible aux questions sociales ; l’artisanat est omniprésent, alors que l’industrie lourde se situe à Illkirch-Graffenstaden. Diversité donc, et ville en mouvement vers le progrès.
La municipalité, dirigée à partir de 1904 par le maire Rudolf Schwander, est pionnière en matière d’hygiène, d’éducation et de santé. En 1910-1912, la Grande Percée est le signe le plus fort de cette politique volontariste, de même que l’agrandissement de l’Hôpital civil et la construction des bains municipaux. Le domaine politique, toile de fond partagée avec l’ensemble du Reichsland Elsass-Lothringen, est tourmenté : quelle place l’Alsace-Lorraine a-t-elle trouvée dans le Reich ? Comment s’orientent les différents partis politiques ? La presse reflète les débats et les conflits de ce temps marqué notamment par l’affaire de Saverne, qui cause un grand émoi. Mais les Strasbourgeois savent aussi vivre et s’amuser : la vieille ville et la Neustadt, sans oublier les faubourgs qui grandissent au-delà du glacis militaire forment le cadre architectural de cette vie foisonnante où les sociétés de tout genre jouent un rôle important : musique, théâtre, art, sport… et les Winstube, bien entendu !


14-18 à l’affiche

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"Les libérateurs" de l'Alsace-Lorraine

Parmi leurs fonds figurés, les Archives conservent un important fonds d'affiches, dont des d'affiches de la Première Guerre mondiale. La particularité de cette collection est qu'elle regroupe des affiches provenant de part et d'autre du front. S'il semble naturel de trouver en nos murs des affiches de la période du Reichsland (1871-1919), il est plus surprenant de constater l'existence aux Archives d'un important fonds d'affiches françaises. Grâce à cette richesse, il est non seulement possible de comparer les thématiques propres à la propagande de chaque camp durant la Grande Guerre mais également les différences de graphisme entre affichistes allemands.


Strasbourg en guerre 1914-1918. Une ville allemande à l'arrière du front

Soldats blessés et mutilés avec leurs infirmières et médecins dans un lazaret (jpg - 113 Ko)

Soldats blessés et mutilés avec leurs infirmières et médecins dans un lazaret

2014 marque le centenaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale, au sein des commémorations nationales Strasbourg occupe une place particulière, à l’instar du reste de l’Alsace-Moselle, allemande depuis 1870. La capitale du Reichsland doit, tout comme le reste de l’Empire wilhelminien soutenir matériellement et financièrement la guerre. Tête de pont sur le Rhin et verrou défensif barrant la plaine d’Alsace à l’armée française, la puissante place forte du XVe corps d’armée allemand fait l’objet, de 1914 à 1916, d’un vaste programme de modernisation de ses fortifications qui voit la construction de près de 1000 ouvrages bétonnés. Si le danger s’éloigne de la ville dès l’automne 1914, celle-ci doit continuer à approvisionner le front en matériel et en hommes grâce à ses importantes infrastructures militaires. Une cinquantaine d’hôpitaux militaires sont installés dans de nombreux bâtiments publics afin de permettre la prise en charge de quelques 10 000 blessés. Peu à peu, la population et l’administration municipale, dirigée par le maire Rudolf Schwander, s’installent dans un quotidien de guerre rythmé par les manifestations patriotiques mais aussi par les privations et le poids de la dictature militaire instaurée dès 1914. Quatre années d’interdictions, de presse muselée, de germanisation renforcée, d’emprunts pour soutenir l’effort de guerre, de listes interminables de Strasbourgeois tombés au front, ont raison des derniers partisans de l’Empire et le retour à la France s’impose dans les esprits.
Les évènements se précipitent en novembre 1918 avec la révolution des conseils qui conduit à la chute de la monarchie et la proclamation de la république allemande, le 10 novembre à Strasbourg. Jacques Peirotes et Léon Ungemach assurent la transition d’un régime à l’autre, d’une nation à l’autre, préparant l’entrée des troupes françaises dans la ville le 22 novembre 1918.