Les documents du mois


La bataille d'Azincourt (1415) vue depuis Strasbourg

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C’est une note, sans cachet ni signature, qui est conservée dans une série ancienne, actuellement dénommée série III, anciennement GuP. Cette série regroupe tous les documents conservés jusqu’au XVIIe siècle dans une pièce voûtée (Gewölbe), donc à l’épreuve du feu, sous la Pfalz, l'ancien hôtel de ville qui se dressait sur l’actuelle place Gutenberg.

Cette note donne la liste des principaux chevaliers tués ou faits prisonniers par les Anglais à la bataille d’Azincourt. Cette bataille qui oppose l’armée du roi d’Angleterre Henri V à celle du roi de France Charles VI (alors absent car victime d'une crise de folie) se déroule le 25 octobre 1415. Elle est marquée par le massacre des chevaliers français et la victoire anglaise. Traditionnellement, on oppose la stratégie des chevaliers, jouant le rôle d'une cavalerie lourde et héroïque, à l'agilité de la piétaille anglaise armée d'arcs et de flèches.

La liste commence par le nom des princes victimes : le connétable de France, le duc d’Orléans, le frère du duc de Bourgogne, Jean de Bar, et encore « 4000 hommes » qui sont restés sur le champ de bataille. La liste des prisonniers (qui seront soumis à rançon) n’est pas moins impressionnante : le duc de Brabant, Robert de La Marck, Frédéric de Vaudémont. Les Anglais ne comptaient que 1500 fantassins mais 10.000 tireurs, contre 15000 cavaliers et fantassins français.

Pourquoi la Ville de Strasbourg s’inquiète-t-elle d’un tel évènement ? La raison est simple : les troupes des Anglais ou des Français, et celles de leurs alliés respectifs se déversent dans la vallée du Rhin en dehors des périodes d’affrontement direct. Les XIVe et XVe siècles alsaciens ont connu de tels raids qui ont dévasté les campagnes. Strasbourg pouvait, quant à elle, se protéger derrière ses murailles. Pour autant, il valait mieux être au courant d'évènements lointains dont les conséquences pouvaient devenir trop proches...