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Les exemptés de service de la Grade nationale en 1795

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Créée en juillet 1791, la Garde nationale de Strasbourg est une milice bourgeoise destinée au maintien de l’ordre en ville. Le service est obligatoire pour tous les hommes âgés de 18 à 60 ans, sauf les domestiques. Il est contraignant tant pour l’équipement que pour les horaires. Les gardes nationaux doivent payer leur uniforme, l’armement seul étant pris en charge par la ville. Ils doivent assurer à tour de rôle des gardes de nuit, à titre gratuit. Des protestations s’élèvent parmi certaines professions dont les conditions d’exercice sont incompatibles avec le service de nuit, tels les boulangers qui se lèvent tôt.

La ville instaure alors des exemptions à l’obligation de service. En l’an III (1795), un certain nombre d’employés du service public sont exemptés, sur justificatif : personnel des administrations civiles, militaires et judiciaires, officiers de santé, instituteurs, employés des postes, commissaires de police… Les employeurs, premiers concernés, adressent à la mairie des listes nominatives de leurs employés à exempter, d’autres envoient des pétitions (Garde nationale 280 MW 58-280 MW 60).

Citons le cas de l’imprimerie Levrault, futur Berger-Levrault, qui assure l’imprimerie officielle du Département (280 MW 59). Les employés exposent le 3 germinal an III [23 mars 1795] dans une pétition que « Les citoyens soussignés, employés dans les ateliers de l’Imprimerie du Département, sont astreints aujourd’hui au service militaire, tandis que les loix des 16 septembre 1793 & 14 frimaire an 2e les en exemptent & que ces loix ne sont point révoquées. Tandis que récemment encore, l’Administration du District par une Délibération ci-jointe du 8 nivôse a ordonné l’exécution de ces lois ; tandis que la réimpression des loix dans les départemens exige de la part des citoyens susdits un travail trop continu pour monter leur garde en personne, & que les cherté des vivres ne leur permet point les frais du remplacement, veuillez donc, Citoyens, ordonner l’exécution des loix précitées ; ce sera remplir le vœu des Législateurs ». M. Levrault dresse une liste nominative, certifiant que « les citoyens dénommés ci-dessus sont tous employés dans les divers ateliers et l’imprimerie du Département, tant en qualité de compositeurs, imprimeurs, relieurs, correcteurs etc. que comme graveurs et fondeurs ». Travaillant pour l’intérêt national, ces ouvriers sont exemptés.